Comment jouer les petites paires servies ?

Comment jouer les petites paires servies ?

Le 18/10/2009 | 1 commentaire

La question qui se pose lorsqu'on découvre sa petite paire servie est : dois-je m'imposer en étant agressif ou dissimuler le potentiel de ma main en suivant la grosse blind ?

Cette question est légitime puisque ce genre de main nécessite de la finesse et risque son potentiel de réussite en fonction du flop, de la turn et de la river.

Agression ou dissimulation

La première chose importante est de rester fidèle à son type de jeu. Si vous êtes agressif habituellement, alors vous avez toutes les raisons de l'être une fois de plus car une paire servie, même petite, comporte un beau potentiel de réussite. Les cartes du tapis seront primordiales pour améliorer votre jeu mais vous avez l'avantage non négligeable de posséder un jeu « sous-marin » c'est-à-dire que votre éventuel brelan passera inaperçu (si bien sûr, vous masquez vos émotions et jouez les relances convenablement).

Et si vous êtes confrontés à peu de joueurs, il est très probable que vous remportiez la partie.

Si vous êtes plutôt passif ou discret, ne cherchez pas à impressionner vos adversaires, puisqu'avec de gros relances pré-flop vous avez toutes les chances de vous retrouvez face à des mains telles que As-Roi, As-Valet ou tout simplement des paires servies plus élevées. Sans perdre trop de jetons, vous pouvez payer la grosse blind et voir si le flop sera généreux avec vous. Le désavantage de votre position à la table (admettons que vous soyez dernier de parole) est que, suivant l'attitude des autres joueurs : leurs relances ou leurs expressions, vous serez tenté de jeter votre main.

Là encore, c'est à vous de faire ce choix en fonction de votre ressenti, de votre tapis et de vos habitudes de jeu, mais ne perdez pas d'esprit qu'une paire servie peut être un joli cadeau, vous avez 12% d'obtenir votre brelan au flop. Payer une grosse blind vaut le coup.

Le flop est tombé : pas de brelan

Dans ce cas de figure, il est très important de se baser sur les autres joueurs. Les questions que vous devez vous poser sont : combien sont-ils ? Combien de jetons ont-ils misé ? Qu'est-ce qui, dans le flop, pourrait les intéresser ?

A ce moment-là du jeu, vous avez l'invariable choix entre l'agression ou la passivité. En prenant la décision de faire une grosse relance post-flop vous avez toutes les chances de faire coucher les mains qui n'ont pas trouvé à s'améliorer, les joueurs qui n'ont pas suffisamment de jetons pour « tenter » la turn et la river et enfin, ceux chez qui vous avez insinué le doute. Le poker est un jeu psychologique et faire douter vos adversaires est essentiel. Sachez que statistiquement vous restez favori avec votre paire servie face à une main telle que As-Roi pareillée (même couleur, donc) avec 52% face à 48%.

Si vous choisissez la passivité, vous n'avez plus qu'à espérer voir un brelan tomber à un moment ou à un autre. Par-contre, il ne faudra pas s'étonner de laisser ses jetons s'échapper. En effet, une paire faible a peu de chance de gagner surtout si les cartes communes sont élevées.

Voilà pourquoi il vaudrait mieux faire le choix entre une relance importante ou un « check » (qui est souvent considéré comme un aveu de faiblesse mais qui vous permettra de passer dernier de parole et donc, de minimiser vos pertes si le jeu n'est pas en votre faveur).

Les cartes ont été favorables : le brelan est à vous

Avec un brelan flopé (voire un brelan tout court) vos chances de réussite sont importantes. Une fois de plus tout dépend des cartes du tapis, il faut toujours se méfier des quintes, des couleurs ou des brelans supérieurs. Cependant, vous avez une très belle main et il faut en tirer profit !

Si les autres joueurs n'ont pas relancé, ou peu il est préférable de suivre leurs mises ou de les augmenter faiblement. En effet, il serait dommage de faire coucher la table et de rapporter les blinds. Vous aurez toujours la possibilité de faire croire à un bluff, mais c'est une attitude risquée.

Une relance faible est donc le meilleur choix. Ensuite, il s'agit d'observer les comportements adversaires et de mesurer combien ils seraient prêts à miser pour voir les autres cartes. S'il y a un joueur agressif, n'hésitez pas à le pousser à miser. Tout en restant méfiant sur les autres mains, cherchez à rentabiliser votre jeu.

La turn tombe : analyser les comportements adverses

Comme toujours au poker, il est préférable d'anticiper. Demandez-vous rapidement ce que vous ferez en cas de relance (que vous ayez le brelan ou pas) et que ferez-vous si, au contraire, tout le monde check.

Cette anticipation vous permettra de jouer vite (et d'augmenter votre ascendant psychologique puisque vous aurez l'air sûr de vous).

Si vous n'avez pas votre brelan au moment de la turn et qu'un ou plusieurs joueurs relancent, il faut que vous évaluiez le potentiel de votre main à cet instant. S'il y a relance, c'est très certainement parce que les joueurs avant vous ont "touché" ou parce qu'ils souhaitent prendre l'ascendant. Avec une petite paire en main, la poursuite serait risquée. Bien sûr, il est toujours possible de se retrouver face à des bluffeurs mais c'est cher payé la certitude ! Donc, il serait préférable de coucher car il ne reste qu'une carte pour vous sauver et vous n'avez que, statistiquement, 4% d'obtenir un brelan (en considérant que les cartes exposées n'offrent pas de meilleures possibilités aux autres joueurs).

Par-contre, s'ils relancent et que vous avez le brelan en main, vous êtes à peu près sûr de remporter le pot.

Encore une fois, il faut s'assurer que les cartes communes n'offrent pas de couleur (3 minimum) ou de suite, par exemple, qui serait des jeux meilleurs que le vôtre.

River dangereuse : que faire ?

La river n'améliore pas votre jeu, mais peut-être celui d'un autre. Il est temps pour vous de revoir quelles sont les possibilités de combinaison. Par exemple :

  • Flop : 10 - Roi – 7
  • Turn : Valet
  • River : As

Vous avez une paire de 7 en main, donc un brelan de 7 flopé. C'est une position très confortable car vous entrez optimiste dans la partie. Cependant, la river est dangereuse. Elle permet à un détenteur d'une Dame de vous doubler en alignant une quinte du 10 à l'As. Si c'est le cas, vous êtes perdant.

Surtout que généralement, les joueurs sont plus souvent tentés de jouer avec des "têtes". Le risque est grand.

Pour éliminer les mains qui n'ont pas d'intérêt à s'engager faîtes une grosse relance. En effet, la river reste cruciale pour les mises car elle révèle certains joueurs : les hésitants seront plus enclin à coucher. N'oubliez pas de tenir compte des bluffeurs qui sont parfois extrêmement agressif et prêt à tout pour empocher !

Généralement un unique joueur s'aventurera au-delà suite à votre relance. Il est probable qu'il ait une dame mais peut-être espère-t-il remporter grâce à une double paire (exemple : Roi-10) qui serait une très belle main mais, heureusement, inférieure à la vôtre.

La river est tombée : coup de grâce

Après l'observation des autres personnes qui jouent à vos côtés, vous savez que ce pot est à vous. Il est important d'avoir confiance en son jeu et avec un brelan vous avez toutes les raisons de l'être.

A présent, vous pouvez imposer une grosse relance. Vous devez une bonne fois pour toute faire douter les autres. Il faut que vous réussissiez à leur faire croire que vous ne cherchez qu'à « embarquer » le pot. Par fierté ou par défi, vous pourrez trouver des clients. Ils sur-relancent ? Tant mieux, poussez-les à tapis s'il le faut.

Dans tous les cas, mieux vaut impressionner les concurrents, les contraindre à jouer et à miser plutôt que de ne pas rentabiliser une main comme celle-ci. Il ne faut pas oublier que la plupart des mains au poker sont des « mains-poubelles » alors profitez-en !

Vos réactions (1)
Lilian, le 14/10/2009

c'est vraiment un article d'une très grande qualité!!! félicitations à la rédactrice