Comment jouer quand on est Short Stack ? Et quand on est Chip Leader ?

Comment jouer quand on est Short Stack ? Et quand on est Chip Leader ?

Le 13/02/2010

Lorsque vous vous retrouvez dans une situation « short stack » ou « chip leader » dans un tournoi ou dans un cash game, votre manière de jouer va considérablement changer. Nous vous proposons ici une manière de gérer ces situations au mieux afin de maximiser vos chances de réussite.

Etre « short stack » au poker (ou « shortstack »), c’est avoir un des plus petits tapis de jetons de la table du tournoi, ou du cash game dans lequel vous êtes engagé. Etre chip leader (ou « chipleader »), c’est avoir à un moment M le plus de jetons.

Etre short stack oblige à prendre des risques

On considère un joueur short stack lorsqu’il lui reste aux alentours de 10 grosses blinds. Lors d’un tournoi, les short stacks sont souvent les premiers à sortir puisqu’il ne leur restent que trop peu de jetons pour jouer. En effet, dans cette situation en tournoi, vous avez que très peu de « move » possible.

Vous n’avez d’autres choix que d’attendre une main premium ou très forte pour vous lancer à tapis. Il ne faut d’ailleurs pas hésiter ! Trop de joueurs pensent qu’entre 8 et 12 blinds, ils peuvent attendre une ou deux autres mains en espérant qu’elle soit meilleure. C’est une erreur puisqu’avec la main que vous pensez déjà intéressante, vous avez des chances d’être entre 35 et 55% de chance de gagner le coup. Avec cartes dites « alive », c'est-à-dire que l’adversaire ne possède pas en main une de vos cartes dans une autre couleur, vous avez 40% de chance de gagner le coup pré-flop, profitez-en sans attendre trop longtemps !

Regardez aussi attentivement les tapis des autres joueurs. Lorsque vous allez à tapis, même en situation short stack, votre tas de jetons pourra paraître conséquent suivant ceux des autres joueurs. Par exemple, le chip leader vous callera instantanément même avec une main faible, car cela ne constituera qu’une goutte d’eau dans son tapis. Pour un autre joueur presque short stack en revanche, la décision pourra être plus délicate selon ce qu’il a à perdre ou à gagner. Vous pouvez tirer profit des tapis des joueurs en étant short stack, c’est ce qu’il faut que vous vous disiez. Au bouton (dealer), vous pouvez aller à tapis contre des joueurs avec des stacks peu élevés, il y a très peu de chance qu’ils vous callent. Il est donc possible de bluffer, même en short stack.

Dans les gros tournois, les blinds augmentent raisonnablement et il est donc compréhensible que l’on puisse attendre une vraie main premium avant d’aller à tapis. En Sit and go par contre, les blinds augmentent très vite. Il ne faut donc pas hésiter à vous lancer à tapis dès que vous pensez être dans le rouge. Sur le long terme, vous verrez que vous doublerez souvent votre mise et vous vous retrouverez ainsi en position de force face à vos adversaires, eux aussi short stack. Dans un Sit and go, l’objectif principal est de tenir jusqu'à ce que la bulle éclate.

Etre chip leader, c’est assumer de dominer les autres joueurs

En situation de chip leader, il vous faudra profiter de votre tapis conséquent pour « dominer » la table. Au bouton, vous pourrez relancer avec à peu près n’importe quoi afin de mettre la pression sur vos adversaires. Attention cependant à ne pas le faire tout le temps ! Les autres joueurs pourraient s’apercevoir que vous relancez trop souvent.

Gérez votre tapis et laissez les autres joueurs s’éliminer entre eux. Ne gaspillez pas votre tapis non plus à suivre trop de monde. Lorsque l’on rentre dans un coup au poker, il faut toujours savoir où l’on va. Avec votre tapis important, vous pouvez tenter quelques draws et payer pour obtenir de l’information. Mais faîtes-le quand cela en vaut vraiment la peine. Trop de chip leaders font ce qu’on appelle un « meltdown » et leur tapis fond comme neige au soleil. Trop de confiance peut vous faire perdre tout votre tapis très vite, soyez agressifs mais pas imprudents.

Les particularités de ces situations en cash game

Les joueurs de cash game qui entrent à la table en achetant la cave minimale sont souvent détestés par les autres joueurs. En effet, puisqu’ils n’ont pas assez de tapis pour jouer une main, les jeux se limitent trop souvent à un call et un all in direct après le flop, quel qu’il soit. Tout l’intérêt du jeu semble dès lors s’évanouir.

En cash game, les intérêts d’entrer en short stack à une table sont très limités. Tout d’abord, si vous avez une main intéressante, vous n’aurez d’autres choix que d’aller à tapis dans presque tous les cas. Le joueur en face a de très fortes chances de vous suivre. Si vous gagnez, tant mieux pour vous, sinon, vous vous rendrez vite compte que, sur le long terme, vous perdrez plus de caves minimales que vous n’en doublez.  En effet, un joueur vous callera avec une main premium même si le prix est fort. Mais il est revanche une excellente manière « d’énerver un joueur à une table » et d’en tirer profit : si vous venez d’entrer a une table et que le joueur mise 3 fois la grosse blinds et que vous allez à tapis, il y a très peu de chance qu’il vous calle instantanément sans une main premium. C’est un risque à prendre qui peut payer lors des premiers tours de table.

La situation de chip leader en cash game est une situation confortable et délicate à la fois. C’est en général en chip leader que l’on peut vraiment montrer ce dont on est capable. Puisque les blinds n’augmentent pas avec le temps, votre tapis ne partira pas aussi rapidement qu’en tournoi. Mais attention, déterminez ce que vous souhaitez garder comme « gain » à la table et n’hésitez pas à partir si vous pensez que vous avez assez gagné. On voit trop souvent des joueurs gagner 20 ou 30 blinds et les perdre au bout de quelques temps sur des coups où ils se voyaient trop gourmands. Même les joueurs pros suivent cette ligne de conduite et quittent la table quand il le faut. Joe Hachem a fait cette remarque lorsqu’il était invité au High Stakes Poker sur GSN.


Photo : Phil Ivey