Amaury vend « Le Parisien » pour se concentrer sur le sport et SAjOO
Le 03/10/2010 | Réagissez à cet article
Le Groupe Amaury possède de nombreux médias comme « Le Parisien », « L’Equipe » ainsi que le site de jeux SAjOO, qui propose du poker et des paris en ligne. Mais la presse écrite se trouve mal en point ; Le Parisien et sa déclinaison nationale « Aujourd’hui en France » sont en vente. Et les racheteurs ne sont pas au goût de tout le monde. Un débat s’ouvre alors au sujet de l’indépendance de l’information publique.
Le groupe Amaury
Tout commence en 1944. Emilien Amaury crée le journal baptisé « Parisien libéré ». Puis cette entreprise française édite d’autres journaux comme L’Equipe, France Football, Vélo. Elle possède enfin la chaîne de télévision « L’équipe TV ». Bref, 80% de son chiffre d’affaires provient de ses titres de presse. Le régional Le Parisien à lui seul compte 305 000 exemplaires en 2009, sa version nationale intitulée Aujourd’hui en France approche les 200 000 parutions. Par ailleurs, les journalistes de ces deux quotidiens déclarent ne pas suivre d’orientation partisane.
Depuis 2004, la famille Amaury détient à 75% ce groupe de presse. La veuve du fils d’Emilien Amaury en est devenue l’actionnaire majoritaire et représente la 127ème fortune de France.
Amaury préfère le sport à la politique
Marie-Odile Amaury déclare vouloir se recentrer dans le domaine du sport. Mis à part ses différents titres de journaux sportifs, elle organise diverses compétitions comme le Tour de France ou encore le Dakar, via sa société baptisée Amaury Sport Organisation. Elle se tourne également vers les paris sportifs en développant sa marque de jeux en ligne. En partenariat avec le site de paris sportifs Bwin, le groupe Amaury lance SAjOO, un bookmaker qui a de l'ambition et propose un bonus très attractif de 80 €. Ce site Web se dédie à plusieurs pratiques sportives (football, tennis, etc.) ainsi qu’au poker.
Afin de centrer son domaine d’activité sur le sport et les paris en ligne, le groupe Amaury pourrait céder Le Parisien-Aujourd’hui France à Vincent Bolloré ou au groupe Dassault. Selon certains, ces titres diffusés à près de 500 000 exemplaires en 2007 vaudraient entre 100 et 150 millions d’euros.
Le groupe Bolloré : télécommunications et Direct 8
Vincent Bolloré est le propriétaire héritier du groupe. Ce milliardaire propose 120 millions d’euros à Marie-Odile Amaury qui en réclame 200 millions.
Crée en 1822, le groupe Bolloré étend ses activités dans les domaines des médias et de l’industrie. Il gère les journaux gratuits Direct Matin et Direct Soir, et depuis 2005, la chaîne Direct 8. Actuellement, il se classe 6ème au niveau mondial, parmi les plus grands groupes de communication.
Le groupe Dassault : aviation et Figaro
Reste alors le propriétaire du Figaro, Serge Dassault, prêt à offrir 170 millions d’euros. Acteur important de l’aviation civile et militaire, le Groupe Dassault possède également des filiales dans l’immobilier et dans la presse avec le journal « Le Figaro » et ses multiples suppléments (Madame Figaro, Figaro Magazine, etc.). Son journal national est imprimé quotidiennement en 300 000 exemplaires. Et ces titres sont aussi visibles sur le Net.
Un rachat discuté
A l’annonce de sa proposition de rachat, le Parti Socialiste s’est offusqué. Car Serge Dassault, chef d’entreprise, est aussi sénateur défendant les idées de l’UMP. De plus, d’après un ancien journaliste de l’hebdomadaire « Le républicain de l’Essonne », S. Dassault suggère parfois une certaine propagande dans ses journaux. Enfin, s’il acquiert Le Parisien, il dirigerait au total deux quotidiens nationaux (avec le Figaro). Le PS rappelle donc l’importance du pluralisme dans le domaine de l’information. D’ailleurs, un seuil anti-concentration existe déjà : la presse quotidienne d’information politique ne peut pas être détenue à plus de 30% par le même Groupe. Mais cela ne suffit pas à certains députés : des proches de l’ancien premier ministre Dominique de Villepin envisagent de déposer un projet de loi, ayant pour effet de stopper ce rachat.
Avenir incertain pour la presse, avenir prometteur pour les jeux d’argent
L’avenir demeure donc bien incertain pour le journal. Le site SAjOO reste quant à lui au centre de la nouvelle stratégie du Groupe Amaury. Cette orientation peut s’expliquer par l’ouverture d’un marché prometteur, que sont les jeux d’argent en ligne, par rapport à une presse écrite qui s’effondre. Pourtant, Dassault procède autrement puisqu’il compte racheter un journal et construire deux imprimeries à Seine-Saint-Denis et à Nîmes. La presse politique est-elle conditionnée à ne survivre qu’entre les mains de certains ?