À quoi reconnaît-on un bon joueur de poker ? Cette notion existe-t-elle ?
Le 24/02/2010
Il est très difficile de savoir précisément ce qu’est un bon joueur de poker. Beaucoup de pros vous diront qu’un bon joueur de poker est tout simplement un joueur qui « survit » au jeu. En effet, nombre de joueurs qui ont eu leur moment de gloire disparaissent ensuite du circuit, souvent à cause de leurs mauvais résultats.
Stratégies de bases et cotes
Un bon joueur doit tout d’abord comprendre le jeu et ses stratégies de base. Connaître toutes les cotes du poker (ou « odds ») par cœur et avoir un bon niveau de raisonnement logique et mathématique rapide permet d’éviter de se perdre dans les montants des pots ou tapis.
Etre bon, c’est aussi « avoir son style ». On peut considérer qu’un bon joueur est aussi celui qui se démarque des autres pour son style imprévisible. Les professionnels redoutent énormément ces joueurs qui ne suivent pas à la lettre les règles de stratégies de bases pour s’aventurer dans des bluffs et des « play » très étranges. L’objectif d’un joueur de poker est de cacher à tout prix sa main, qu’il ait le « nuts » ou la plus mauvaise des mains en fonction du flop.
On pourrait penser qu’un bon joueur serait celui qui possède un ROI (retour sur investissement) positif dans les parties tournois ou en Sit and Go. Ou alors joueur gagnant au cash game. Pas si sûr…
La notion de « bon joueur » et l’instinct
Si la notion de bon joueur est toute relative, c’est qu’elle se définit soit par les résultats du joueur, soit pour sa manière de jouer. Doyle Brunson le dit dans l’introduction du générique de Poker After Dark : un bon joueur est celui qui sait ravaler sa fierté et fold (jeter ses cartes) lorsqu’il se sait battu, et bluffer quand il sent son adversaire faible. C’est ce qui fait la beauté du jeu : sentir la main de son adversaire, la deviner, et jouer contre elle.
Mais c’est aussi jouer directement avec le mental du joueur. Les plus grandes stars du jeu réussissent ces « reads » comme Daniel Negreanu qui, maintes et maintes fois, a trouvé la main d’un adversaire juste en le regardant miser lors d’une partie. Il est très difficile de savoir quels sont les éléments qui font deviner la main cachée de l’autre, mais c’est un ensemble de facteurs très divers : la manière de se tenir a la table, l’atmosphère générale au cours d’un coup, ses paroles, ses gestes, sa posture, le montant de ses mises, etc. Il existe peut-être un nombre indéfini de facteurs qui font qu’un bon joueur détermine la main de son adversaire, grâce aux tells.
Une fois la main devinée, il faut bien sûr passer à l’étape suivante, se coucher ou bluffer si vous sentez être battu. C’est précisément à ce moment qu’on peut dire que l’on peut déterminer si un joueur peut être bon ou mauvais. Comme c’est le cas lorsqu’il s’agit de caller une mise où vous savez au plus profond de vous-même que vous êtes grand favori, même si vous ne possédez pas une main mirobolante en fonction du flop, turn ou river. Par exemple, si vous sentez que votre adversaire bluff la turn et va à tapis, mais que vous savez pertinemment qu’il n’a rien en main, ou une main très marginale, pourquoi ne pas le suivre ? C’est ce call qui fera de vous un gagnant, quelle que soit la fin du coup. En effet, même avec 10% de chance de gagner le coup, le joueur peut remporter ce pot énorme à la river. Mais cela ne fera pas de lui quelqu’un de lucide, juste un joueur ayant été chanceux.
Un bon joueur est gagnant... mais sur le long terme
Voilà pourquoi, si nous devions le définir, ce n’est en aucun cas selon l’argent qu’il aurait gagné au cours d’une partie. Même si un joueur ressort en ayant doublé sa mise de départ, voire tripler son tapis au bout de quelques heures de jeu, cela peut être tout simplement dû au facteur chance inhérent au jeu. Un joueur très bon peut ressentir grand perdant de la session. Ce fût le cas notamment de Daniel Negreanu qui, au cours de la première saison des High Stakes Of Poker, a perdu 700 000 dollars de son million d’euros investi au cours de la session. Puis dans la deuxième session, le soir suivant, il termina avec un petit bénéfice de quelques milliers de dollars ayant remporté cette fois tous les coups où il se sentait gagnant. On peut dès lors considérer qu’un « bon joueur » a de fortes chances d’être gagnant sur le long terme.
Cette notion que nous tentons d’expliquer et d’analyser est donc très relative et ne peut pas se définir en des termes comme « joueur gagnant » ou « joueur perdant ». Le talent, c’est tout simplement de lire son adversaire et de réaliser les bons calls et fold au moment où vous le sentez. La suite, seules les cartes en décideront. Ni vous, ni vos adversaires.