Blanchiment d’argent dans les cercles de jeux : recrudescence de la vigilance étatique

Blanchiment d’argent dans les cercles de jeux : recrudescence de la vigilance étatique

Le 13/10/2009

Dimanche 4 octobre 2009, la version internet du Journal du Dimanche publie un article qui relate une affaire dans laquelle l’Etat s’attaque à un cercle de jeux parisien.

Le blanchiment d’argent, c’est quoi ?

Concrètement, le blanchiment d’argent est l’action de transférer des fonds provenant d’activités illicites dans des activités légales afin d’en effacer l’origine. C’est en fait le recyclage de l’argent pour le rendre utilisable en lui donnant une origine légale.

Cette opération est un élément essentiel de la criminalité organisée et sa prise en compte par les pays développés est croissante depuis les années 70.

Blanchiment dans les cercles de jeux : une vague de mises en examen

Dans les faits, en juin 2008, dans un climat de défiance vis-à-vis des cercles de jeux, une perquisition a lieu au Cercle de l’industrie et du Commerce à Paris. La police soupçonne la tenue de  parties clandestines ainsi que des prêts d’argent illicites.

D’importantes sommes d’argent en liquide sont saisies, ainsi que plusieurs chèques antidatés et une comptabilité occulte. Cinq personnes sont alors mises en examen, soupçonnées notamment de blanchiment d’argent. Cependant, du fait d’un vol commis  pendant la perquisition par un policier, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris doit annuler  le procès verbal de perquisition.

Rappelons que cette affaire intervient peu après la fermeture du cercle Concorde en novembre 2007 pour blanchiment d’argent pour le milieu corso-marseillais. Fermeture très médiatisée du fait de la mise en examen du capitaine Barril, ancien de l’Elysée et du GIGN.

En février 2008, le cercle Haussmann est fermé à son tour, la police ayant retrouvé sur place des chèques antidatés, s’apparentant à un prêt d’argent illicite. Dans cette seconde affaire, le blanchiment d’argent ne serait pas le seul motif de la fermeture administrative, s’y ajoute des entorses au droit du travail et une absence de cotisations pour certains membres présents.

Les raisons de la méfiance des pouvoirs publics

Les pouvoirs publics sont très vigilants vis-à-vis des cercles de jeux d’abord  car les jeux d’argent concernent depuis peu un public jeune et influençable, il faut donc le protéger et prévenir le risque d’addiction. Le respect du monopole détenu par la Française des Jeux, le PMU et dans une certaine mesure les casinos explique aussi  cette surveillance. Mais par-dessus  tout, l’Etat souhaite contrôler le blanchiment d’argent dans ce milieu propice depuis toujours à cette activité illégale.

Des sommes considérables en argent liquide y sont en effet brassées chaque jour. Les cercles de jeux apparaissent comme un moyen pratique de blanchir de l’argent sale. Par ailleurs, l’Etat touche 2.5% des sommes misées lors des parties dans les cercles de jeux, ce qui accroit la surveillance de ces endroits très fermés.

Blanchiment d’argent, comment lutter ?

La lutte contre le blanchiment d’argent se caractérise principalement par un contrôle drastique et une surveillance accrue du fonctionnement quotidien des cercles de jeux.

Pour ouvrir un cercle de jeux, il faut obtenir une autorisation d’ouverture préalable délivrée par le ministère de l’intérieur. L’autorisation étant temporaire, à chaque renouvellement, le ministère vérifie que les conditions d’ouverture sont toujours remplies.

Seule une dizaine de cercles existent en France. Ils ne pratiquent que certains jeux de table et ne peuvent posséder de machines à sous. Les jeux les plus prisés dans ces cercles sont le Blackjack et le Poker.

Pour ouvrir un tel établissement, une enquête est  effectuée sur l’origine des fonds investis, le passé des employés et la moralité des candidats. Le préfet et le maire doivent également donner leur autorisation. Ces cercles n’ont le droit d’accueillir que les membres inscrits et ayant cotisés. En effet, la fermeture administrative du cercle Haussmann en  juin 2008 est en partie justifiée par la présence sur les lieux de joueurs n’ayant pas cotisés pour faire partie du cercle.

Ainsi, la lutte contre le blanchiment d’argent dans ces cercles se renforce. De 1999 à 2007, aucune fermeture de ce genre d’établissement n’était intervenue. Or depuis cette date, les interventions des pouvoirs publics au sein des cercles de jeux se sont multipliées.

Ainsi, même si de nombreuses procédures existent, elles n’empêchent pas les cercles de jeux de parfois se trouver dans l’illégalité. Cependant, sur la dizaine de cercles ouverts en France, seule une minorité s’est avérée ne pas respecter les obligations attenantes à ce type d’établissement.