Jeux d’argent en ligne : les 10 leçons du bilan de 2011

Jeux d’argent en ligne : les 10 leçons du bilan de 2011

Le 16/02/2012

Les jeux d’argent en ligne sont confrontés à des difficultés récurrentes en France. L’Autorité de Régulation des Jeux en Ligne (ARJEL) a dévoilé son bilan du quatrième trimestre de 2011 et il n’est pas (assez) florissant pour le secteur, encore et toujours confronté à des problèmes de rentabilité en France dus en majorité à une fiscalité trop lourde et  une législation trop restrictive par les opérateurs légaux.

1) Une imposition absurde

La fiscalité est jugée par les opérateurs comme néfaste pour le développement des paris sportifs. Malgré les recommandations de l’ARJEL pour une imposition sur le produit brut des jeux (PBJ), qui correspond au chiffre d‘affaires réel des opérateurs, l’Etat campe sur sa position d’imposition sur les mises avec une taxation de 7,5 % qui équivaut à une taxation de sur le PBJ supérieure à la moitié des bénéfices des opérateurs.

Le changement de la base d’imposition, notamment proposée par le député Jean-François Lamour et le sénateur Francois Trucy, se calquerait sur le modèle des autres pays européens et améliorerait la compétitivité des opérateurs en France, qui réclament une imposition à 20 % sur le PBJ pour pouvoir être rentables.

2) Imposition sur le PBJ : Jusqu'à 70 % en France, 15 % en Grande-Bretagne…

Les opérateurs verraient alors, avec la taxation sur le PBJ, une de leurs vieilles revendications satisfaites, mais à des taux toujours prohibitifs comparativement à l’étranger. La Grande-Bretagne taxe à 15 %, l’Italie, l’Espagne ou le Danemark à 20 % alors qu’à`des taux équivalents une taxe sur le PBJ s’élèverait à 58% pour les paris sportifs, 70% pour les paris hippiques et 45% pour le poker en ligne. L’Etat met en péril tout un secteur en se privant sur le long terme de recettes fiscales supplémentaires et en n’incitant pas de nouveaux opérateurs à investir le marché, avec même le risque de disparition des derniers acteurs autres que les opérateurs historiques que sont le PMU et La Française des Jeux.

3) La clause de revoyure n’a pas eu lieu en 2011…

La clause de revoyure prévue en 2011 portant sur un réexamen de la fiscalité a donc buté sur le dogmatisme du gouvernement. Il faut absolument qu’elle voit le jour en 2012.

4) Une cote à 1,01, quel intérêt pour le joueur ?

L’Etat français interdit les paris à handicap qui permettent de donner aux équipes jugées les plus faibles sur une rencontre des avances en points ou en buts. Le pari à handicap permet de proposer des cotes plus élevées sur des rencontres où parier sur une simple victoire du favori n’a rien d’intéressant pour le joueur, avec des cotes pouvant descendre jusqu’à 1,01 dans certains cas. Prétextant que le résultat sportif de la rencontre pourrait être altéré, l’Etat a donc décidé d’interdire les paris à handicap qui sont pourtant plébiscités par les joueurs. Les opérateurs, qui connaissent des pertes récurrentes, ne peuvent pas non plus proposer des cotes trop importantes, les joueurs payent aussi pour les mauvais résultats des acteurs des paris en ligne.

5) 13 % environ des joueurs se rendent sur des sites interdits en France

L’intérêt des opérateurs serait de voir chacun jouer à armes égales en éliminant les offres illégales de paris qui pullulent sur internet. On estime à 13 % le nombre de joueurs se rendant sur les sites non agréés par l’ARJEL, un chiffre qui pourrait augmenter si de nombreux opérateurs sont obligés d’arrêter leur activité en raison d’une législation et d’une fiscalité trop oppressante. Inciter les opérateurs illégaux à rentrer dans la légalité en révisant fortement la fiscalité pourrait être une solution efficace tout en garantissant des rentrées fiscales supplémentaires.

6) 800 000 Français sur les casinos illégaux

L’offre est très incomplète concernant les casinos en ligne, l’Etat n’autorisant que les jeux de cercles (le poker en fait). Les estimations font état de 800 000 Français se rendant sur les sites illégaux (souvent sans aucune sécurité), avec évidemment des risques aggravés en terme d’addiction, d’équité des jeux et de sécurité. Une offre complète et légale sur le casino avec un encadrement accru des joueurs permettrait d’éviter ce type d’écueils.

7) Des restrictions sur le poker

Le poker en ligne souffre lui aussi d’importantes restrictions, seules deux variantes sont autorisées, le Omaha Poker 4 et le Texas Hold’em avec des parties entre Français uniquement. Cependant, l’ARJEL a récemment annoncé qu’elle allait autoriser d’autres variantes mais ce il faut aussi ouvrir les sites français aux joueurs d’autres marchés.

8) Une inscription souvent chaotique pour les joueurs

La validation des comptes des joueurs peut aussi poser des problèmes pour s’inscrire sur un site de jeux d’argent. Ainsi les opérateurs qui sont contraints par la loi demandent une confirmation d’identité et un relevé d'identité bancaire (RIB) dans un délai d’un mois sous peine de suspension du compte. De nombreux joueurs se plaignent de recevoir trop tard leur code d’activation final. Faciliter l’inscription des joueurs est aussi un point à travailler pour améliorer l’attractivité de l’offre.

9) Des retombées marketing trop faibles

Si la Coupe du Monde 2010, qui a été précédée de quelques jours par la libéralisation des paris en ligne, a fait l’objet d’investissements publicitaires importants sur les paris sportifs, les retombées marketing sont aujourd’hui en-deçà des espérances. La plupart des publicités que l’on voit maintenant à la télévision sont pour la FDJ ou le PMU.

10) Le PMU domine (à 80%) les paris hippiques en ligne grâce à une manne de 11,4 milliards d’euros de mises en 2011

Le PMU est une marque très ancrée chez les Français, familiarisés et attachés à l’acteur historique qui fût longtemps le seul opérateur ‘offline’ autorisé sur le marché des paris hippiques. Le PMU continue de faire largement la course en tête sur le secteur en ligne avec 80% ou plus de parts de marché. Difficile pour la concurrence de se lancer et de concurrencer un opérateur qui a une telle domination  du marché français.