Les futurs rapports entre paris sportifs et monde du sport, aïe !

Les futurs rapports entre paris sportifs et monde du sport, aïe !

Le 01/02/2010

En plus d’un calendrier peu en faveur d’une instauration rapide du projet de loi sur l’ouverture du marché à la concurrence des paris sportifs et jeux d’argent en ligne, Éric Woerth fait face à un autre souci : les fédérations de sports ne sont pas encore prêtes pour ce changement de législation.

Le monde du sport, meilleur ennemi des bookmakers ?

L’ouverture du marché est le début d’une nouvelle ère pour le sport français. Les fédérations étaient autrefois peu intéressées par cette dimension du sport puisque le « pari sportif » était réservé à des très petits cercles privés qui étaient loin d’en faire leur publicité. Aujourd’hui, le pari sportif sera aussi facile qu’acheter une baguette de pain chez son boulanger.

Les fédérations en préparation

Au-delà de l’évènement planétaire que constituera la coupe du monde de football 2010 en Afrique du Sud le 11 juin prochain, la législation va changer le monde du sport français : les fédérations et ligues sportives se préparent donc à la saison 2010-2011. La saison 2009-2010 de football s’achève le 15 mai prochain et ne sera donc pas concernée par la nouvelle loi. Idem pour la finale du Top 14 au rugby qui se déroulera le 29 mai prochain. Le début de la saison de football de Ligue 1 est prévu pour août. On imagine que la loi sera votée entièrement d’ici là. Il y aura donc un très court laps de temps pour négocier les « droits aux paris », soit les accords commerciaux entre fédération et sites de jeux d’argent en ligne pour lutter contre la corruption dans le sport.

Les groupes de travail du Geste nous en on dit d’avantage sur l’article 52 du projet de loi sur la régulation des paris en ligne, qui stipule que des négociations devront avoir lieu entre les organisateurs de compétions sportives et les bookmakers. Pas évident puisqu’il y a un enjeu financier énorme.

Un casse-tête de chiffres

Cela risque d’être plutôt compliqué. Quel que soit le sport, chaque évènement ayant lieu dans une partie (but, set ou Ace au tennis, résultat) pourra faire l’objet d’un pari, avec l’accord d’ARJEL (l’Autorité de régulation des jeux en ligne). Plus que fastidieuse, cette répertorisation de chaque pari se révèle presque impossible tant il existe de situations ouvertes au pari dans une confrontation entre deux joueurs ou deux équipes. Et ce n’est pas tout, si l’ARJEL vise en premier lieu les évènements majeurs, pourra-t-elle encadrer aussi tous les autres championnats amateurs comme la Ligue 2 et la CFA au football, ou les tournois challenge au tennis ? Le nombre de compétitions sportives sur l’hexagone est pharaonique.

Les paris ouverts seulement aux évènements sportifs majeurs

Pour pallier à ce problème, l’ARJEL pourrait choisir de légaliser uniquement les paris sportifs sur les évènements majeurs. Une idée que les organisateurs de championnats parallèles et petits tournois ne risquent pas du tout d’apprécier. La question se pose quant au mode de rémunération. On ne sait absolument pas le volume généré pour ce type de pari. L’ARJEL privilégiera-t-elle le forfait ou décidera-t-elle d’une ponction ponctuelle selon la taille de l’évènement ? Cette somme sera-t-elle en fonction du produit brut des jeux, ou sur le volume général des paris ? Des questions qui méritent une réponse rapide étant donné la masse d’argent en question.

Enfin, les fédérations sportives devront revoir leur code de déontologie. Comme il est déjà inscrit dans la loi sur les jeux de hasard à la télévision, les membres ou salariés liés à l’organisation de la compétition ne peuvent pas jouer. Sur ce point, « rien n’est fixé » indique la Ligue professionnelle de football (LFP). Tous ces points devront pourtant être abordés avant que la loi puisse définitivement s’appliquer. Amis sénateurs, c’est à vous !


Photo : Didier Drogba, attaquant de Chelsea.