Le sport français essaye-t-il de « racketter » les bookmakers ?

Le sport français essaye-t-il de « racketter » les bookmakers ?

Le 28/07/2010

A plus d’une semaine du coup d’envoi du championnat de France de football, les bookmakers se préparent à leur saison des paris. Mais ils grognent déjà face aux droits d’exploitation exigés par les organisateurs des compétitions françaises.

PMU.fr, le premier à signer avec le foot français

Le samedi 7 août, coup d’envoi de la saison du championnat de France, est la nouvelle date clé pour les sites de paris sportifs. Une journée stratégique car elle sera un test pour la suite de l’afflux des parieurs durant la saison. Les opérateurs se préparent à cette journée le plus tôt possible, c’est devenu la course à l’autorisation d’exploitation.

PMU Paris Sportifs a été le 1er sur la ligne d’arrivée. Le bookmaker a proposé les cotes des matchs de la 1ère journée dès la mi-juillet. Puis le 23 juillet, c’est au tour de ParionsWeb et SAjOO de s’aligner. Les autres bookmakers devraient suivre mais l’autorisation ne vient pas toujours à temps. Bwin a dû retirer ses cotes vendredi dernier car il n’avait toujours pas signé le contrat d’exploitation. Du côté des sites de paris sportifs, c’est la grogne contre les organisateurs des tournois français.

Les petits nouveaux se sentent lésés

Les  bookmakers remettent en cause le contrat-cadre qu’ils doivent signer auprès de la Fédération française de football et de la Ligue de football professionnel avant d’ouvrir les paris. La loi d’avril qui a instauré les règles des jeux d’argent en ligne a reconnu aux organisateurs de tournois un droit au pari. A l’époque, les instances du football français  avaient demandé un droit d’exploitation de leurs matchs suite à des exploitations frauduleuses de leur image de marque. Depuis, les bookmakers doivent reverser un pourcentage de leurs gains aux organisateurs. Le contrat doit aussi indiquer les matchs ouverts aux paris.

Ce droit au pari est essentiellement remis en cause par les nouveaux venus du marché qui le considère comme un rognage de leur marge. Le débat s’est ouvert à l’initiative de la Fédération française de tennis en juillet. Les instances du tennis revendiquaient alors un droit d’exploitation sur toute la Coupe Davis, la compétition se déroulant en France. Ils ont alors proposé un reversement de 1,5% des gains issus des paris sur le tournoi. Un demi-flop pour la FFT, certains sites tels que Betclic ont préféré ne pas ouvrir les paris sur la Coupe Davis plutôt que de payer la redevance. Le deuxième boycott est venu avec les 24 heures du Mans, Mangas Gaming (Betclic) ayant déclaré que les conditions étaient inacceptables et a préféré se retirer de la course.

De la grogne au boycott

Si les bookmakers peuvent se permettre le boycott de certains tournois, en ce qui concerne le sport le plus populaire de l’hexagone, les bookmakers doivent se soumettre aux exigences des instances du football. Comme le souligne Olivier Ou Ramdane, n°1 d’Eurosport BET : « Le football devrait représenter de 70 % à 75 % de notre activité, et le football national entre 40% et 50 % ». Et même si le bookmaker de TF1 n’a toujours pas signé de contrat, Eurosport BET ne s’imagine pas rater la saison.

Mais la course à la cote est faussée. PMU, premier bookmaker a signé le contrat-cadre, a établi la redevance à 1% des mises. Puis la FDJ a suivi aux mêmes conditions. Il faut dire que ces deux opérateurs sont partenaires de la FFF et la LFP, ce qui rend les négociations nettement plus aisées. SAjOO, le bookmaker du groupe de presse Amaury, a également suivi tout en se laissant une sortie de secours juridique par un éventuel recours.

Betclic et Bwin n'ont pas encore signé, mais ont ouvert les paris sur le Trophée des champions qui opposera ce soir le PSG à l'Olympique de Marseille. Ils profitent ainsi d’une faille dans le système dont devra se préoccuper l’ARJEL. Si la rencontre est bien organisée par la Ligue, elle sera disputée à Tunis, en Tunisie, donc hors du territoire national. Une faille déjà remise en cause par la Ligue.