Les Français se méfient de la libéralisation du poker en ligne

Les Français se méfient de la libéralisation du poker en ligne

Le 30/06/2010

Le décret du ministère de l’Intérieur autorisant le poker en ligne a enfin été publié au Journal Officiel aujourd’hui. Seulement deux types de poker seront autorisés sur des tables de dix joueurs maximum. Si les opérateurs se frottent les mains devant le marché juteux que cela représente, les joueurs français eux semblent moins enthousiastes.

Texas Hold’em ou Omaha ?

Après une obstruction de Malte qui n’a pas convaincu Bruxelles, la France vient officiellement d’ouvrir son marché du poker en ligne. Le décret conjoint des ministères de l’Intérieur et du Budget a été publié ce matin au Journal Officiel et précise certaines règles comme les types de poker autorisés. Seuls deux types de poker pourront être joués sur en ligne, le Texas Hold’em bien sûr, et le Omaha.

Les obligations des opérateurs agréés sont également énumérées par ce décret qui précise par exemple que des « systèmes de détection des ententes entre joueurs et de détection des robots informatiques » doivent être installés. Des obligations spécifiques qui s’ajoutent à la liste des règles imposées pour tous les jeux en ligne : identification du joueur, preuves de son identité, référence bancaires, code secret pour chaque joueurs…

L’ARJEL a déjà délivré onze licences à des opérateurs français et étrangers pour ces jeux de cercle. Des opérateurs qui comptent bien s’imposer sur un marché qui s’annonce très juteux. Le chiffre d’affaire du poker en ligne est en effet estimé à quelques 300 millions d’euros en 2010 et devrait doubler dès 2011. Selon Francis Merlin, spécialiste des jeux en ligne, le poker possède le plus fort taux de progression dans le monde pour les jeux en ligne et le marché français serait en passe de devenir l’un des trois premiers d’Europe avec l’Allemagne et l’Italie.

Les joueurs pourraient enfreindre la loi volontairement

Quoi qu’il en soit, le marché français des jeux d’argent en ligne reste néanmoins le moins attractif d’Europe. En cause, la fiscalité très élevée et la mise en place obligatoire de dispositifs de sécurité très couteux pour protéger les joueurs. En plus de cela, le poker se voit rajouter toutes une série de contraintes supplémentaires et les joueurs français font la grimace.

Le type de poker autorisé est limité à deux variantes du jeu mais surtout ce qui contrarient le plus les Français, c’est de ne pouvoir jouer qu’entre eux. Première conséquence de l’impossibilité d’affronter des joueurs étrangers, la difficulté de mettre en place des grands tournois, particulièrement prisés par les joueurs. Par ailleurs, comme l’indique Fabien, 29 ans et joueur de poker en ligne, le temps pour jouer ne pourra désormais avoir lieu que dans la soirée, ce qui est de nature à impacter sur le nombre de participants et sur la valeur des gains. L’avantage du décalage horaire qui rendait internet actif à toutes heures de la journée disparait.

De plus, la distribution des gains sera inférieure à celle des jeux étrangers puisque l’Etat français prélèvera 2% sur les mises. Conséquence directe pour les joueurs qui vont voir la hauteur des gains diminuer sacrément lors des tournois. La France est la seule à posséder des règles aussi strictes et qui plus est sont toujours à l’avantage de l’Etat qui a trouver le moyen de voir ses revenus doubler, voire tripler. Mais certains joueurs sont catégoriques, pour eux le marché ne sera pas aussi rentable que prévu. « L'Etat se fourre le doigt dans l'œil car les gros joueurs vont fuir ces sites trop contraignants tant en termes de mises, que de plages horaires ou encore de compétition ».

En attendant, l’heure est à la communication. Chacun s’apprête à lancer sa campagne publicitaire pour tenter de rapidement capter l’attention et des parts de marché car ils le savent tous, il n’y aura pas de place pour tout le monde. Les places sont chères et la menace des sites illégaux plane encore et toujours.