La santé financière des casinos dans le monde et leurs rapports compliqués avec la bourse

La santé financière des casinos dans le monde et leurs rapports compliqués avec la bourse

Le 08/12/2009

La mauvaise introduction en bourse de la filiale chinoise de Vegas Sand pose des interrogations sur la santé financière des grands groupes de casinotiers. Seriez-vous prêts à placer de l’argent en bourse sur un opérateur de jeux ?

Les grands hôtels casinos américains ne connaissent pas la crise

Comme prévu, le titre de la filiale du groupe américain à Macao est entré à la bourse de Hong Kong le 30 novembre dernier. Il s’agit de la deuxième plus grosse introduction de l’année. Cette semaine l’action a perdu 10%. Le patron, Sheldon Adelson, minimise le phénomène et prévoit une stabilité prochaine. Certains observateurs expliquent cette chute par la survalorisation de l’entreprise compte tenu de sa dette.

Cette opération aura néanmoins permis de lever 322 millions de dollars US, soit environ 217 millions d’euros. Cet afflux de capitaux va servir à finir les complexes touristiques de Macao et à combler l’endettement du groupe. Ce phénomène se répand petit à petit. Par exemple, le bookmaker Bet-at-home.com est coté à la Bourse de Francfort.

Avec l’ouverture d’un nouvel hôtel de luxe à Las Vegas en janvier 2008, on pourrait croire que l’industrie du jeu n’est pas touchée par la crise.

La stratégie offensive du géant des casinos s’explique par plusieurs aspects.  Le génie de Sheldon Adelson est d’avoir su lier le divertissement et les affaires au jeu. Ainsi le plus grand centre de conférence de Las Vegas lui appartient. S’émancipant des bénéfices du casino, Vegas Sand est devenu un groupe hôtelier, une activité beaucoup plus stable. De plus, la relative faiblesse du dollar favorise le tourisme européen. Pour finir, investir à Macao, seule ville de l’Asie du Sud-Est où le jeu est légal ne peut-être que gagnant. L’explosion économique de la Chine et les touristes japonais assureront une clientèle assidue.

Si les grands groupes américains semblent traverser la crise sans trop de problèmes, les casinos français  font grise mine.

Un secteur en crise sur notre territoire

La France est le pays d’Europe qui abrite le plus de casinos, malgré des règles d’implantation très strictes puisqu’ils sont limités aux stations thermales, balnéaires et climatiques. Depuis une dizaine d’années de nouveaux établissements peuvent être construis dans les agglomérations de plus de 500 000 habitants.

En parallèle de cet aménagement législatif, un processus de centralisation a été observé. Entre 1996 et 2000, les casinos indépendants qui représentaient alors 85% du Produit Brut des Jeux national (différence entre les mises et les gains, c’est à dire le chiffre d’affaire) ont été écrasés par les grands groupes tels que Partouche ou Barrière. Ces sociétés représentent maintenant plus de 80% du PBJ.

Pour supporter cette croissance, certaines entreprises se sont introduites en bourse durant l’année 2000. Malgré un certain succès, les actions n’ont pas réellement décollé en raison d’une certaine prudence du marché. La libéralisation des jeux en France pourra peut-être d’influencer des particuliers qui souhaitent investir dans une activité émergeante.

En 10 ans la situation s’est dégradée. Sous les effets conjugués de l’interdiction de fumer dans les lieux publics, des mesures répressives à l’encontre des personnes interdites de casino et l’essor du jeu sur internet, les casinos sont dans le rouge. Concurrencé de façon illégale par les sites de jeu en ligne, les casinotiers français se pressent pour recevoir la licence de l’ARJEL.

Il semblerait malgré tout que même le secteur du jeu en ligne soit morose. Playtech, le leader de la conception de logiciel de casino paraît ébranlé par la crise économique et revoit ses prévisions à la baisse.

La crise qui touche les casinos en France est très importante. La fiscalité particulière qui leur est appliquée permet ainsi à des communes comme Barbazan (Haute-Garonne) de tirer près de 74% de son budget des prélèvements appliqués aux casinotiers.