«Le conflit d’intérêt entre la FDJ et le centre du jeu excessif est scandaleux»

«Le conflit d’intérêt entre la FDJ et le centre du jeu excessif est scandaleux»

Par Jean-Pierre MARTIGNONI, sociologue, le 13/07/2010 | 6 commentaires

Alors que certains affirment depuis des mois que l’ouverture du marché à la concurrence en ligne va générer une dépendance plus sévère des joueurs, la remise en cause de l’addiction des jeux d’argent par les neuroscientifiques est assez déconcertante. Et ils ne sont pas les seuls à dénoncer les idées reçues et les affirmations sans preuve ni réelle indépendance.

Nous donnons la parole à un sociologue. Il met un coup de pied dans la fourmilière en dénonçant ce qu’il nomme la « doxa du jeu pathologie maladie ».

Kuzeo : « Bonjour. Pouvez-vous présenter à nos lecteurs votre parcours et vos études dans le domaine du jeu d’argent ? »

Jean-Pierre Martignoni : Je suis sociologue à l’Université Lumière (Lyon 2), chargé d’enseignement, chercheur contractuel au Groupe de recherche sur la socialisation (GRS). Je me suis spécialisé sur le gambling, les jeux de hasard et d’argent, les joueurs, les espaces de jeu et la socialisation ludique contemporaine à partir de ma thèse (« Faites vos jeux : essai sociologique sur le joueur et l’attitude ludique », Edition l’Harmattan, 1993).

J’ai travaillé pendant de nombreuses années au PMU le week-end et en nocturne pour payer mes études, au contact direct des joueurs. C’est important à signaler. J’ai réalisé en 2000 la première recherche nationale représentative sur les machines à sous (« Ethno-sociologie des machines à sous », L’Harmattan, 2000) en collaboration avec le syndicat « Casinos de France » (CDF) et le groupe Lucien Barrière. J’ai publié en 2006 une étude exploratoire sur les directeurs de casinos (« Des casinos et des hommes : anthropologie des managers de casino ») en collaboration avec le syndicat « Casinos Modernes De France » (CMDF). J’ai participé en 2008 à l’Expertise Collective Inserm « Jeux de hasard et d’argent : contextes et addictions » (Paris, Les Editions de l’Inserm, 2008, 479 p.).

À l’international, je collabore depuis plusieurs années (expertise externe) aux Comités d’Evaluation Scientifique du « Conseil de recherches en sciences humaines du Canada » (CRSH) et du « Fond québécois de recherche sur la société et la culture » (FQRSC), sur des projets qui concernent l’industrie des jeux. Ma dernière expertise concerne le projet de Madeleine Pastinelli sur « Les impacts sociaux des communautés électroniques de pratiques marginales : le cas des aspirants joueurs professionnels de poker » (janvier 2010).

En France, j’ai réalisé en 2009 une étude représentative sur les joueurs de casino dans les exploitations du 3ème groupe casinotier national (Joagroupe) et toujours en 2009 j’ai participé au groupe de travail « addiction » de l’ARJEL. Avec l’historienne E. Belmas et la sociologue S. Craipeau, j’ai rédigé l’article « Jeu(x) » du dictionnaire d’histoire culturelle de la France contemporaine » (Paris, Puf, janvier 2010). J’ai lancé en 2000 avec Marc Valleur (Marmottan) l’idée d’un observatoire des jeux, qui figure désormais - grâce au Sénat - dans la loi sur les jeux en ligne.

« Vous disiez au début du mois de juin 2010 que le jeu n’était pas une pathologie, et qu’il met en lumière des problèmes sociaux et familiaux. A qui déconseilleriez-vous de jouer ? »

Sur la 2ème question, je vous arrête tout de suite, ce n’est pas au sociologue de dire aux gens ce qu’ils doivent faire ! Son travail consiste à mesurer, observer, rendre compte, mettre en relation, établir des causalités, proposer des pistes explicatives et des analyses, des typologies... Sur le terrain du gambling, la fonction des sciences sociales n’est donc pas de faire de la morale (« tu ne joueras point ») ou a contrario de faire du prosélytisme ludique.

Pour le reste de votre question, je conteste fortement la doxa du jeu pathologie maladie et je ne suis pas le seul. La question de l’addiction sans substance fait débat au sein de la communauté scientifique internationale, y compris chez les neuroscientifiques (voir le Figaro du 6 juillet 2010, Anne Jouan : « L’addiction sans drogue laisse sceptiques les neuroscientifiques »). Les pratiques excessives ne viennent pas du jeu lui-même ou de son support (jeu sur internet ou dans les casinos) mais de la biographie du joueur. Mais bien entendu le jeu peut mettre en lumière des problèmes sociaux ou personnels, conjugaux par exemple. Les études sur le jeu excessif (souvent contradictoires) prétendent qu'il y aurait entre 1 et 3% de joueurs addicts. Une sacrée fourchette qui varie du simple au triple. On est dans le lobbying et non dans la rigueur scientifique. Plus globalement, dans notre société du « care » (soin mutuel), on médicalise des pratiques sociales et culturelles notamment quand elles sont excessives, pour se donner bonne conscience et également pour faire de l’argent (ici le business du jeu compulsif).

Le centre du jeu excessif de Nantes a déjà touché plus de 4 millions d’euros de la Française des jeux, le conflit d’intérêt est scandaleux. La FDJ finance également le psychologue Robert Ladouceur à l’hôpital Bichat « pour évaluer le caractère addictogène des jeux en ligne », on croit rêver, notamment quand on connaît les débats déontologiques qu’il y a eu au Québec au sujet de ce psychologue cognitiviste. C’est à un Observatoire des jeux pluridisciplinaire et indépendant de mesurer les causes et conséquences du gambling de manière scientifique. C’était notre idée de départ avec Marc Valleur et Christian Bucher (psychiatre) quand nous avons lancé ce concept d’observatoire dédié. Mais là également je suis pour le moins étonné quand je vois que Marc Valleur reçoit en février 2010 des mains d’Eric Woerth la légion d’honneur, en plein débat parlementaire sur la loi sur les jeux en ligne, et avec la place qu’a occupé le jeu pathologique dans ce débat. Tout cela bien entendu n’est pas neutre ou anodin. Je crois que la politique des jeux de la France mérite une autre approche. La nouvelle architecture du paysage ludique prévue par le Sénat (à savoir un comité consultatif du jeu pour les jeux en ligne et en dur, observatoire des jeux, ARJEL) doit rebattre les cartes et de les redistribuer afin de renvoyer chacun à ses compétences. Si l’Etat a le courage de jouer franc jeu dans ce dossier, il sera gagnant au bout du compte et évitera bien des critiques, contentieux et polémiques ultérieures.

« Que pensez-vous de cette loi justement votée pour libéraliser le poker et les paris sportifs en France ? Auriez-vous fait le choix de libéraliser tous les jeux, par exemple les casinos en ligne ? »

C’est l’aboutissement d’un long processus. La loi relative « à l’ouverture à la concurrence et à la régulation du secteur des jeux d’argent ligne » a été votée à L’Assemblée Nationale le 6 avril 2010. Cette date marquera l’histoire des jeux en France. Elle constitue une étape importante dans la mise en place d’une politique des jeux cohérente. Certes, il y a eu des incidents de séance, des tentatives d’obstruction, des accusations politiciennes (« les amis du Fouquet’s ») et des joutes rhétoriques qui relèvent du pur jeu parlementaire. Mais l’essentiel n’est là. Députés et sénateurs ont beaucoup travaillé, comme en témoignent les milliers de pages des débats parlementaires. Les enjeux politiques, culturels et sociaux de cette légalisation ont été soulignés. C’est ce que l’histoire retiendra. Même s’il y a un important « dessous des cartes » dans ce dossier (dont je viens un peu de parler en ce qui concerne le jeu pathologique), c’est tout à l’honneur de la France - pays qui possède une histoire ludique riche et ancienne - d’avoir pris le temps d’organiser ces débats. La France n’est pas une république bananière. L’ouverture a été souhaitée partielle et maîtrisée, c’est un choix politique et c’est au gouvernement  et à la représentation nationale de décider de la politique des jeux de la France.

Ceci dit ce n’est sans doute qu’une première étape. On ne voit pas pourquoi les jeux de casino et les machines à sous seraient interdits sur le web. Ce ne sera pas forcément préjudiciable à l’industrie casinotière. Une synergie peut s’effectuer, on le voit actuellement avec le poker. En outre, ce sont des univers différents, la baisse actuelle des casinos en dur (qui est conjoncturelle et structurelle) ne provient pas de la montée en puissance des jeux d’argent virtuels, mais elle provient de la crise, du manque d’unité syndicale et de lacunes en matière de R&D.

« Vous semblez donc satisfait des efforts mis en place pour lutter contre l’addiction. Pourquoi ? Jouer en ligne est-il plus dangereux qu’en dur par rapport à la dépendance selon vous ? »

Sur la première question : je répète qu’il faut séparer les compétences. Ce n’est pas à la doxa du jeu pathologie maladie (dont la figure emblématique et opportuniste est le centre de Nantes) de soigner les joueurs et en plus de mesurer le jeu excessif tout en étant financé par les opérateurs de jeux. Le conflit d’intérêt est patent. En outre, sur le fond, le discours de la doxa est curieusement approximatif et évolutif. Marc Valleur vient d’affirmer que « les jeux en ligne sont probablement plus addictifs que dans les casinos » (Le Monde du 2 juillet 2010). C’est même pas sûr !!! On est là dans l’approximation et non dans la rigueur scientifique, dans l’art du « même pas faux » et dans le positionnement opportuniste et stratégique.

Sur la deuxième question, là également on s’aperçoit que la doxa du jeu pathologie maladie à l’art de retourner sa veste… toujours du bon coté. Au départ c’était la roulette et le casino qui étaient les jeux les plus addictifs (le mythe de l’enfer du jeu, la figure du joueur dostoïevskien canonisé par Freud), ensuite on a eu les machines à sous (le mythe du joueur onanistique, seul devant sa machine) et ensuite le Rapido (qualifié « d’assomoir contemporain » dans un article du Monde diplomatique), et maintenant naturellement ce sont les jeux d’argent en ligne qui seraient plus addictogènes (le joueur désocialisé, seul devant son ordinateur). Je vous laisse méditer sur le caractère évolutiste/opportuniste et contradictoire du discours de la doxa du jeu pathologie maladie. Il faut réaliser des études pluridisciplinaires sur ces jeux sans a priori, et c’est à l’observatoire des jeux de les réaliser et non à la doxa du jeu pathologie maladie de le faire car leurs réponses sont déjà incluses dans leurs hypothèses et leurs questionnements. Et comme on trouve forcément ce qu’on cherche… cette position est scientifiquement et épistémologiquement très dangereuse.

« Concernant le poker à proprement parler, en quoi est-il un formidable créateur de lien social ? Pensez-vous qu’il en va de même pour les paris sportifs ? »

Le poker a une Histoire et véhicule plusieurs symboliques fortes, liées à cette histoire (le western, l'Amérique, la conquête de l’Ouest, mais aussi la virilité, la compétition, la psychologie…). C'est le jeu d'argent par excellence, sans argent le poker n'a guère de sens. Je crois que celui qui se lance dans le poker ne fait pas que jouer à un jeu, il endosse, « habille », adopte l’hexis et le comportement du joueur (casquette, lunette, look, jeu avec les jetons qu'on manipule…). Mais c’est un jeu démocratique, il n’y a pas d’uniforme. Les  nombreux magazines dans les kiosques, la télé ont largement « préparé le terrain » du poker en ligne. Ils véhiculent les symboliques décrites ci-avant et mettent en scène par exemple l'argent, le cash (présent sous forme de grosses liasses de billets de banque, de $). Le poker en ligne accentue le côté démocratique de ce jeu, on peut se faire sélectionner pour des tournois sur internet, sortir de l'anonymat. Certaines vedettes du poker se sont fait un nom sur internet et ensuite dans les tournois. Le poker sur internet va favoriser le lien social important qui existe dans la communauté des joueurs, qui partage une passion commune. Le poker (en dur ou sur internet) possède de nombreuses caractéristiques purement ludiques (mélange de connaissances, d'expériences, calcul de probabilités, présence du hasard) qui expliquent son succès international. Ce jeu possède un intérêt ludique spécifique où la dimension psychologique et humaine joue un rôle considérable. Par ailleurs, s’il comporte de multiples variantes, les bases du poker sont assez simples et cette simplicité va contribuer à assurer son succès, notamment pour les nouveaux joueurs qui peuvent entrer plus facilement dans ce jeu qui comporte par ailleurs de la compétition et qui instaure des temporalités particulières : beaucoup d'attente et de répétition, mais parfois tout s'accélère quand un joueur fait tapis (all in).

Pour la deuxième partie de votre question : je n’aime pas opposer les jeux d’argent pour savoir si certains sont plus intelligents, plus sociaux, plus intellectuels que d’autres, ce n’est pas le rôle du sociologue d’établir une hiérarchie ludique qui sera forcément ethno-centrée et subjective. Je crois, qu’outre l’argent que le joueur cherche à gagner à travers le pari qu’il engage (tous les joueurs cherchent à gagner contrairement à ce dit la doxa du jeu pathologie qui contre toute attente affirme que le joueur cherche à perdre pour se punir !) fondamentalement dans le jeu, il y a d’une part une recherche de plaisir individuel, d’autre part une passion commune qu’on partage avec l’autre même si c’est pour l’affronter ou le battre. Les paris sportifs n’échapperont pas à la règle. Il ne faudrait pas cependant que l’argent vienne pervertir les compétitions à l’origine de cette passion. Il faut donc beaucoup de régulation et de contrôle pour éviter tricherie ou délit d’initiés.

« Finalement, les jeux d’argent véhiculeraient-ils de bonnes valeurs morales, contrairement à tout ce que l’on peut entendre habituellement ? »

Le jeu est dans le cœur de l’homme depuis la nuit des temps. On a longtemps cherché à prohiber les jeux d’argent pour des causes morales ou religieuses. En vain, on favorisait ainsi le jeu clandestin. Il reste encore des traces de cette condamnation dans certaines religions et certains discours contemporains. Et la doxa de la pathologie maladie n’est pas loin parfois de cette morale quand elle essaie de « pathologiser » cette passion ordinaire, qui est un fait social et culturel avant d’être une pathologie. En fait je crois que si le jeu tout à la fois fascine et fait peur, c’est qu’il symbolise le monde, qu’il symbolise la vie et la mort, comme l’a écrit Jean Cau il y a bien longtemps : « Il faut jouer, les cartes sont là. Elles sont la vie et la mort, si je sors une bûche, je suis mort, si je lance un neuf, la vie m’inonde. Fausse mort, fausse vie, mais qui me renvoie l’écho d’une vraie mort ou d’une vie exaltée », La Nef n° 16,17, I964, 8-IO).

Vos réactions (6)
Jean-claude, le 10/11/2015

En cherchant à savoir comment sortir mon fils de ce fléau , je vois comment on est bien seul et impuissant. L'argent étant au cœur du problème, je ne crois pas qu'il y ait une volonté de nos politiques au pouvoir pour traiter ce problème. On ne peut pas scier la branche sur laquelle on est assis (conflits d'intérêts évidemment). Je suis convaincu que des personnes impliquées dans l'aide qu'elles peuvent apporter aux joueurs excessifs le font de bonne foi, mais ça s'arrête là. Il faut combattre le mal à la source, mais c'est mission impossible: emploi, ressources, économie...enfin tous les arguments que l'on peut trouver, malheureusement sans donner tort à ce raisonnement quand on n'est pas concerné par ce fléau. Et c'est vrai pour bien d'autres choses comme le tabac? limiter la consommation, empêcher de fumer? et puis...la réaction: l'emploi, les ressources...sans compter l'Europe, la mondialisation... Mon fils joue depuis 8 ans, il en a 28. Il n'en a réalité jamais arrêté. Il s'est fait peur plusieurs fois, il a eu que plusieurs alertes (limite de l'interdiction bancaire), prêt bancaire, "entourloupe" de tout genre, fait une tentative de suicide, mais n' a pas encore volé. Il a été suivi un temps par une structure mais non spécialisée (il n'yen a pas partout). J'ai surveiller ses comptes régulièrement et à la moindre dépense anormale je lui faisais une remarque. Il s'arrêtait un temps, puis cela recommençait au bout d'un certain temps (1 mois en moyenne). Comme dernièrement c'est la 2ème fois qu'il fait une dépense de plusieurs milliers d'euros sur un compte fraichement ouvert, mais sans le moindre euro, il a pu dépenser 2500€ entre le 29/10 et le 01/11 (il choisit un grand week-end!). Et les banques parlons-en! leur intérêt? La première fois, c'était pour une somme identique (en décembre 2014), il avait changé son compte bancaire à débit limité par un compte courant "normal" (comme il avait remonté la pente). En un week-end, il est arrivé à environ 3000€ de dépenses. Il est une personne normale, cultivée, intelligent (à mon sens) et fait pourtant le métier qu'il voulait faire(accès très dur à y arriver) , et il devait prochainement s'installé avec sa compagne qui doit quitter son travail pour le rejoindre (celle-ci n'était pas encore au courant il y a quelques jours). Voilà, de plus il ne s'achète pratiquement rien, et depuis 8 ans je suis à plus de 20 000€ pour "boucher les trous" suite à ses dépenses aux jeux. Concerné, oui je le suis!


Martignoni, le 22/09/2015

ARJEL : Etude sur les joueurs en ligne (turfistes, parieurs sportifs, joueurs de poker) LE DESSOUS DES CARTES « Etude sur les joueurs de sites agrées de jeu en ligne en France réalisée par Jean-Pierre MARTIGNONI, sociologue. Cette étude reflète les analyses et opinions de l’auteur et ne saurait être associées à celles de l’ARJEL » Jean-Pierre G. MARTIGNONI-HUTIN ( sociologue) ----- Après plus de 15 mois de réflexion (!) le Président de l’ Autorité de Régulation des Jeux en Ligne (ARJEL) - Charles Coppolani – a donc finalement interdit que l’étude « ETHNOSOCIOLOGIE DES JEUX DE HASARD ET D’ARGENT EN LIGNE : POKER, PARIS HIPPIQUES, PARIS SPORTIFS » ( VOLET 1 ETUDE QUANTI, 66 PAGES) soit publiée sur le site de l’Autorité de régulation. Sociologue, spécialisé sur des jeux de hasard et de l’industrie des jeux d’argent (gambling et e.gambling), chargé d’étude et salarié à l’ARJEL depuis décembre 2011 nous avons condamné cette décision - communiqué de presse du 24 juillet 2015 (1) - que nous considérons peu ou prou comme une censure qui ne veut pas dire son nom. Cette recherche approfondie, basée sur un vaste échantillon représentatif de la population des joueurs en ligne extrait du frontal de l’ARJEL (turfistes, parieurs sportifs, joueurs de poker) , comportait : • un important volet quantitatif : sondage en ligne auto administré sur une population de 4145 joueurs • un axe qualitatif très significatif :185 entretiens de joueurs réalisés au siège de l’ARJEL à Paris (en face à face ou par téléphone) qui représentaient des dizaines d’heures d’enregistrement L’étude quanti était reproductible, les chiffres précis. Les règles de la méthode avaient été appliquées, le souci méthodologique et épistémologique constant. Nous avions par exemple purifié le questionnement (questions ouvertes, neutralité du vocabulaire..) afin ne pas surdéterminer les réponses d’un sujet sensible et complexe. Toutes les étapes (échantillon, pré enquête, test, questionnaire, redressement…) avaient été validées par nos responsables hiérarchiques, des « pointures » de l’ARJEL qui ont le sens de l’Etat et des affaires publiques. Il s’agissait d’offrir des pistes de réflexion, d’interpréter des statistiques, en restant au plus près des pratiques ludiques numériques observées et des représentations. Nous avons systématiquement utilisé des marqueurs de précaution (souvent, majoritairement…) afin de moduler les analyses et éviter la surinterprétation. Mais bien évidemment, comme dans tout travail intellectuel, il y avait un style, une écriture, des couleurs…une objectalité pour parler comme feu l’ethnologue Pierre Sansot. Comme l’a rappelé récemment le sociologue Jean Louis Fabiani, « les sciences sociales sont des sciences narratives, un article de sciences sociale n’est pas un article de physique, on produit des récits »(2) Cette étude contrastait forcément un peu vis à vis des livraisons habituelles de l’ARJEL, notamment les trimestriels, mais elle était complémentaire. Elle s’inscrivait sur un autre registre intellectuel et scientifique, qui correspondait à notre fonction à l’ARJEL comme sociologue. Le volet 1 de cette recherche (étude quanti), que l’actuel Président de l’ARJEL a interdit de mettre en ligne sur le site de l’autorité de régulation, avait en outre reçu l’aval pour publication de Jean-François VILLOTE avant son départ. Ce qui n’est pas la moindre des choses vu la rigueur de l’ancien Président de l’ARJEL qui aurait mis son veto si cette publication n’avait présenté aucun intérêt pour la puissance publique, les opérateurs, les joueurs et les observateurs du champ ludique. Cette étude représentait la suite logique de la recherche exploratoire publiée sur le site de l’ARJEL (« Sociologie des joueurs en ligne », mars 2013, 14 pages) que JF Vilotte présentait de la manière suivante dans l’avant propos : « Au delà de la publication trimestrielle par l’ARJEL des éléments sur le comportement des joueurs il a semblé utile d’engager une étude plus complète sur la sociologie du jeu en ligne. L’ARJEL, afin d’assurer une totale transparence du marché et d’adapter les outils de régulation à ses évolutions poursuivra ces études sociologiques. (…) D’ores et déjà (…) les données recueillies permettent de mieux connaître le marché des jeux en ligne, les motivations et les comportements des joueuses et des joueurs. L’Arjel a souhaité que ces informations puissent être partagées en toute transparence ( ibid page 2) Le volet 2 (étude quali : ethno-sociologique des joueurs en ligne : poker, paris hippiques, paris sportifs, 300 pages) était en cours de rédaction et devait être publié en 2015. Mais l’enquête n’était pas terminée et des entretiens complémentaires étaient programmées, notamment au domicile des joueurs. C. Coppolani a mis son véto. L’ensemble du processus de recherche a donc subi un cout d’arrêt fatal à cause de cette longue réflexion du Président de l’ARJEL nonobstant le fait que, dès son arrivée Rue Leblanc (le siège de l’ARJEL à Paris dans le 15° arrondissement) M. Coppolani a programmé notre licenciement sans indemnité, après un CDD d’agent public de l’Etat commencé en 2011 et renouvelé sept fois… Nous condamnons vivement l’ensemble de ces décisions et interdictions, même si cela n’a pas représenté pour nous – hélas - une totale surprise. Nous avions annoncé dès janvier 2014 en interne à l’Arjel et en externe auprès de collègues chercheurs à Lyon ou à Paris que : • que nous serions débarqué à cause de l’arrivée de M. Coppolani • que ’étude ne serait pas publiée car le nouveau Président de l’ARJEL nommé par le gouvernement était aussi, dans une belle confusion des genres, Président de l’Observatoire des jeux (ODJ) dont nous étions – ironie de l’Histoire - le Président fondateur • que cet Observatoire était très activiste depuis plusieurs mois (voir encadré) pour enfoncer le clou en matière de pathologie du jeu • que la nomination de M. Coppolani était très politique, • qu’il y avait un historique lourd en matière de recherche sur le gambling et d’instrumentalisation de cette recherche (par exemple l’expertise Inserm) • que le dossier (politique des jeux, politique en matière de recherche sur les jeux d’argent) était sensible et que Bercy semblait désormais vouloir tout contrôler • qu’au final nous serions « victime » collatérale de la démission inattendue de JF Vilotte (*) L’Observatoire des jeux (ODJ) que nous avons crée avec deux psychiatres (Marc Valleur et Christian Bucher) et un avocat Matthieu Vincent, mais dont nous avons été -d’après le sénateur François Trucy qui a désormais quitté le Palais du Luxembourg ( ) - exclu par un mystérieux cabinet, est dominé, depuis son installation, par la doxa du jeu pathologie maladie. L’ODJ multiplie depuis deux ans des publications (scientifiques ?) loin d’être neutres : « Poker en ligne et addiction », «Taux de retour aux joueurs (TRJ) et addiction » etc… Certaines, très « approximatives », ont même entrainé un communiqué immédiat de l’ARJEL. Voilà par exemple comment JM Costes (membre de l’ODJ et ancien directeur de l’Observatoire des drogues) résumait sur le site de l’ODJ (hébergé par Bercy !) l’étude « TRJ et addiction »: « la littérature scientifique n’apporte pas de preuves définitives sur le lien existant entre TRJ élevé et addiction, non parce que ce lien est inexistant mais parce que sa mise en évidence est très difficile, voire impossible à démontrer sur le plan méthodologique. L’argument de l’absence de démonstration scientifique formelle ne permet pas néanmoins de remettre en cause la possible existence de ce lien. » !! ( in« Taux de retour au joueur (TRJ), addiction et blanchiment », Observatoire des jeux (ODJ), mai 2012.) Face à ce tels propos, publiés sur le site de Bercy, une seule conclusion s’impose : REDUCTIO AD ABSURDUM* * Expression latine à propos d’une personne qui conduit un raisonnement jusqu’à ses plus extrêmes conséquences, y compris absurdes et contradictoires, en allant jusqu’à démontrer la fausseté, voire la ridicule inconsistance, des hypothèses sur lesquelles il repose. Malgré ce contexte nous avons ensuite ( après consultation en interne à l’ARJEL et auprès de collègues universitaires) tout tenté, pendant des mois, pour trouver une solution positive avec le Président de l’ARJEL, basée sur le bon sens, le sens de l’intérêt général et de l’intérêt scientifique. En vain. Mutisme, indifférence, silence, ostracisme. Certes, sociologue spécialisé sur le champ ludique des jeux d’argent, et ayant écrits de multiples articles sur la question de la Politique Des Jeux(PDJ) et de la politique en matière de recherches sur le jeu, nous comprenons les raisons politiques court terme de ces décisions mais nous les condamnons. Il est clair que la visite de Christian Eckert à l’Arjel en avril 2015, l’ouverture du site Evalujeu, constituent le point d’orgue d’une Politique Des Jeux « dite » de jeu responsable, qui met systématiquement en avant l’addiction, le jeu excessif, le jeu pathologique…. Publier sur le site de l’ARJEL une vaste étude représentative qui remet objectivement en cause cette vision réductrice du e. gambling, cela aurait fait tâche, cela aurait suscité le débat. Car cette politique de « jeu responsable », engagée depuis longtemps par l’Etat, Bercy et la FDJ, apparait en réalité très contradictoire. Se situant entre injonction paradoxale, principe de précaution exacerbée, conflits d’intérêts et instrumentalisation réciproque (entre l’Etat Croupier, la doxa du jeu pathologie maladie, le business du jeu compulsif), cette politique des jeux a déjà été fortement critiquée aussi bien politiquement, économiquement que scientifiquement et pas seulement par nous. Aymeric Brody, dans un article « Pour une approche du gambling en termes de jeu »publié dans la dernière livraison de la revue numérique Sciences du jeu (3,2015, « Questionner les jeux d’argent et de hasard ) résume bien une partie de ces critiques ( confer note 3) Cette politique des jeux d’argent et cette politique en matière de recherches sur les jeux de hasard ne concerne pas que la France. A terme la Commission Européenne – pour ne parler que d’elle - ne sera pas dupe. Elle a financé une recherche (« Gambling in Europe » menée par le Professeur Rebecca Cassidy) dans le cadre du projet GAMSOC dont les résultats vont dans le sens de ces critiques. Le rapport du projet, intitulé «Fair Game: producing gambling research», conclut notamment :« les recherches sur les jeux de hasard sont souvent limitées dans leurs objectifs et tendent à se restreindre aux personnes pour qui les jeux d'argent sont devenus une obsession pathologique. Le financement est souvent proposé en soutien de recherches sur les personnes pour qui ces jeux sont devenus (…) une addiction, au lieu de porter sur les implications sociales et culturelles » Dans ce contexte il était stratégiquement pertinent – outre l’intérêt scientifique et historique - non pas d’interdire mais au contraire : • de publier sur le site de l’ARJEL, le volet quantitatif de cette étude et ensuite l’important volet qualitatif qui devait « éclairer » de multiples façons la réalité contemporaine des jeux d’argent en ligne et l’impact sur le joueur et la « famille entourage » qui se situe aux antipodes de la vision réductrice véhiculée par la doxa du jeu pathologie maladie. • de nous laisser terminer l’enquête qualitative dans de bonnes conditions. Mais là également, contre toute attente le Président de l’ARJEL a interdit que nous réalisions l’enquête complémentaire prévue au domicile des joueurs, fruit d’un long travail d’approche et de mise en confiance avec les e.gamblers et alors que nous avions les autorisations de la CNIL. Cette décision a été pour nous particulièrement consternante, des mois de travail annulés par la volonté d’un seul homme. L’ARJEL ( l’Etat, le gouvernement) aurait eu une longueur d’avance avec cette enquête « à domicile », particulièrement pertinente pour des jeux d’argent digitaux, qui se déroulent souvent à la maison dans l’univers privé domestique, dernière terra incognita des sociologues. En outre nous étions au diapason de la volonté du gouvernement : de mesurer objectivement l’impact des jeux d’argent en ligne dans la vie des familles concernés, d’analyser les recompositions et synergies ludiques suscitées par la légalisation du ludique numérique depuis 2010 ; au delà des gesticulations, postures et des impostures scientifiques, imposées par la doxa du jeu pathologie maladie et le business du jeu compulsif qui, en réalité, prend en otage l’Etat Croupier dans cette affaire. Nous avons trouvé le veto du Président de l’ARJEL sur ce registre très curieux, comme ensuite sa demande insistante, si l’étude quanti était publiée sur le site ARJEL ( car au début il était d’accord avec des modifications mineures) qu’elle le soit en précisant : « étude réalisée par JP Martignoni avec la collaboration de l’ARJEL » alors que nous étions salarié à l’ARJEL depuis 2011 et que l’étude était le fruit d’un travail collectif. Au final nous ne pouvons que condamner l’ensemble du processus que M. Coppolani a coordonné très doucement…mais très surement. Mais pour éviter tout ressentiment, et bien montrer que nous n’en faisons pas une affaire de personnes, nous voudrions remercier le Président « actuel » de l’ARJEL : • d’avoir prolongé notre contrat de quelques mois pour tenir compte d’un drame familial intervenu en 2013 (mort de notre cher fils Jacques en pleine santé à l’âge de 20 ans) • de ne pas avoir complètement censuré cette étude, comme il aurait pu le faire contractuellement, et d’autoriser sa publication sous certaines conditions ( encadré ci dessous) Nous prenons acte que le Président actuel de l’Arjel ( nous le citons) n’a pas « voulu interdire » complètement la publication de l’étude concernée sous réserve ( nous le citons à nouveau) « que l’ARJEL n’y soit en aucune manière associée et à condition que figure en première page la mention : Etude sur les joueurs de sites agrées de jeu en ligne en France réalisée par Jean-Pierre MARTIGNONI, sociologue. Cette étude reflète les analyses et opinions de l’auteur et ne saurait être associées à celles de l’ARJEL » Pour conclure, même si nous avons beaucoup investi à l’ARJEL depuis 5 ans au détriment de notre carrière intellectuelle et de notre visibilité ( en tant qu’agent public de l’Etat nous étions tenus au devoir de réserve), même si pour la première fois de notre trajectoire nous avons subi une censure alors que notre patron c’était L’Etat finalement, nous serons beau joueur, à défaut d’être le gagnant de cette pitoyable affaire. Car d’une certaine manière nous retrouvons, grâce à « l’actuel » Président de l’ARJEL – Charles Coppolani - notre LIBERTE de chercheur, qui, dans une belle ironie, rejoint la première motivation des joueurs online…. Quand on demande aux e.gamblers « pourquoi ils jouent » dans une question stratégiquement ouverte par soucis épistémologique, ils répondent en effet majoritairement : facilité, rapidité, simplicité.. LIBERTE. Cette phrase résume bien finalement, la modernité numérique et la philosophie des jeux d’argent digitaux ( poker, paris hippiques, paris sportifs) pratiqués à la maison dans l’espace privé domestique ou de manière nomade, comme la phrase d’Aragon – « Que le hasard vous serve mais préparez vous à l’accueillir », (titre d’un de nos livres (4) ) synthétisait bien la logique ludico-existentielle des machines à sous. C’est peut être ces mots - et notamment le plus beau d’entre eux LIBERTE - que, dans ce domaine comme dans de nombreux autres, ceux qui croient servir ceux qui nous gouvernent ne souhaitaient pas lire sur le site officiel de l’ARJEL. Jean-Pierre G. MARTIGNONI-HUTIN • Sociologue • Chercheur associé au Centre Max Weber ( CMW- Université Lumière – Lyon 2) • Membre de la Commission National des Sanctions (CNS- Paris Bercy) © Lyon le 17 septembre 2015 contact : Jean-pierre.martignoni@univ-lyon2.fr NB : outre les participants au débat sur poker académie ( voir note 1 ci dessous) nous souhaitons remercier les nombreuses personnes ( hommes politiques, collègues universitaires, joueurs) qui nous ont apporté leur soutien suite à notre communiqué de juillet 2015. Nous publions ci dessous un extrait de ces soutiens envoyés par les joueurs : 1. Gilles X : C'est fort dommage de ne pas pouvoir rendre public le résultat de plusieurs années de travail, d'autant plus que cette étude avait l'air vraiment intéressante et poussait beaucoup plus loin la réflexion que la plupart des QCM que l'on reçoit d'habitude, se cantonnant à savoir si l'on est addict aux jeux...Pour cela, recevez tout mon soutien 2. Gérard X : « c'est l'habitude en prenant des fonctions de démolir le travail du prédécesseur, je peux regretter d'avoir consacré du temps pour un dossier enterré, par contre je ne regrette pas mes contacts avec vous, empreints d'une grande courtoisie, d'une grande connaissance sociale et d'un grand professionnalisme merci de votre implication avec coeur dans cette action » 3. Bernard X : « je peux vous dire que je suis choqué de cette décision de la part du nouveau Président de l'ARJEL, un travail de longue haleine comme celui que vous meniez sur le sujet concerné devait être mené à son terme et rendu public, de multiples enseignements pouvant en être tirés. Ces personnes qui sont nommés et qui, par le fait du prince, décide purement et simplement d'annihiler une telle étude ne sont pas dignes de respect. Il y a un mépris de votre personne, de votre travail, de votre expertise; un mépris, également, de toutes les personnes à qui vous vous adressiez et qui (je suppose) n'ont jamais rechigné à accepter les entretiens, pensant servir un sujet de société non négligeable » 4. Eric X : « Je ne peux que regretter très vivement ce revirement de l'ARJEL...Je transmets ce communiqué de presse à la communauté de "Poker académie" auquel j'appartiens » 5. Bruno X : « Bonjour Monsieur,Je suis tout autant scandalisé que vous par la situation. Je vous avais parlé à demi-mots des problèmes que rencontrent les jeux sociaux en ligne. Ces problèmes, qui engagent la responsabilité morale, politique et pénale des sites ainsi que de l'organisme de régulation, sont bien trop graves pour qu'une étude telle que la vôtre puisse être publiée. Je ne suis donc finalement pas vraiment surpris de son interdiction par étouffement. Le contraire aurait été bien trop dangereux pour les dirigeants de l'Arjel ainsi que pour tout les hauts fonctionnaires et politiques qui sont mouillés dans ce montage. Le refus de votre étude pourrait bien constituer l'élément déclencheur d'un scandale politico-administratif qui s'étendrait bien au-delà de nos frontières. Je tiens seulement à vous prévenir que vous allez vous heurter à des personnes très puissantes qui ne reculeront devant rien pour vous faire taire. 6. Thierry : « Je déplore comme vous cette décision, j'ai eu plaisir à m'entretenir régulièrement avec vous » 7. Michel X : « Difficile de comprendre les intentions de l’ARJE » 8. Bernard X : « On assiste de plus en plus à ces excès d'autorité, et à des prises de décision insuffisamment réfléchies. La compétence des décideurs n'est manifestement pas analysée comme il se devrait. Les erreurs de jugement se multiplient de façon inquiétante, et on en voit hélas les résultats désastreux, qui s'accumulent dans une indifférence générale ». 9. Tangui X : « quel dommage » 10. Marc X : « Je suis aussi désolé que vous » 11. Olivier X : « je suis désolé de la tournure prise pour votre étude qui m'intéressait beaucoup ». 12. Bernard X : je suis désole de cette situation. Vous faisiez un travail important et avec attention. En espérant que cette étude puisse un jour voir le jour 13. Samuel X : « Je retiendrai la courtoisie et le professionnalisme avec lequel vous avez diligenté cette mission. Je garde un excellent souvenir de nos relations et suis certain que ces qualités ne sauraient vous quitter lors de vos prochaines missions ---------------------------------------------------------- Notes : (1) « Le Président de l’Autorité de régulation des jeux d’argent - Charles Coppolani - en ligne interdit qu’une étude sociologique sur les joueurs en ligne soit publiée sur le site de l’ARJEL » (24 juillet 2015, 1 page). Ce communiqué de presse a été envoyé à l’AFP qui très curieusement n’a pas donné aucune suite. Il a été publié notamment sur lescasinos.org du 24 juillet 2015 et sur poker-académie avec différentes réactions de joueurs: :http://www.poker-academie.com/forum/poker-business/900566-arjel-une-etude-sur-le-poker-et-les-jeux-en-ligne-qui-tombe-a-l-eau.html# (2)Jean Louis Fabiani, sociologue EHESS , « la sociologie par les textes » Sciences humaines n°273 septembre 2015, 28-31) (3) Extraits de l’article d’Aymeric Brody : Pour une approche du gambling en termes de jeu ( in Sciences du jeu. 3,2015, « Questionner les jeux d’argent et de hasard ») [Perspectives critiques ) • ( Certains sociologues) remettent « en cause la « doxa du jeu pathologique » (Martignoni-Hutin, 2011), n’hésitant pas à parler d’une « pathologisation » (Suissa, 2005) pour rendre compte du discours médical à l’égard du jeu. Suivant cette perspective critique, il conviendrait d’analyser la construction sociale du « jeu pathologique » en réinscrivant l’histoire du concept dans un processus plus vaste de « médicalisation » et de contrôle des comportements déviants aux États-Unis (Conrad & Schneider, 1980 ; Rosecrance, 1985) et à travers le monde (Suissa, 2008). • Ce faisant, on comprend mieux comment le discours des psychiatres américains s’est imposé à partir des années 1980 pour faire du jeu pathologique un problème médical (Castellani, 2000), avant d’être reconnu comme un problème sanitaire et social dans les années 1990-2000 (Suissa, 2003, 2006 ; Mangel, 2009). En parlant de pathologisation ou de médicalisation, il s’agit non seulement de décrire ce processus qui préside à la reconnaissance du jeu pathologique comme une maladie ou un problème de santé publique, mais aussi de souligner cette tendance générale à penser le jeu – y compris celui des « joueurs sociaux » – en termes de pathologie. • Selon l’INSERM (2008 : 38) qui se réfère notamment aux travaux de Suissa : « L’usage même de ce terme – pathologie/maladie – relève d’une idéologie de la médicalisation, en tant que modalité de contrôle social dans la gestion des rapports sociaux de déviance. » Face à cette idéologie dominante, le sociologue s’efforcera de déconstruire les catégories d’usage en matière de gambling pour redéfinir les termes du débat scientifique. • Tel est précisément l’enjeu d’un article dans lequel Jean-Pierre Martignoni-Hutin pose la question suivante : « Que peut apporter la sociologie dans le débat sur le jeu compulsif ? » (Martignoni-Hutin, 2005) La réponse du sociologue se situe à plusieurs niveaux : une fois le travail de déconstruction engagé sur le plan épistémologique et conceptuelle, la sociologie interviendrait dans le débat scientifique pour reformuler le problème, discuter les études sur le sujet et réaliser de nouvelles enquêtes. • Dans un texte plus récent, Martignoni-Hutin (2011) pose finalement les jalons d’une « sociologie du gambling contemporain » qui ne soit pas focalisée sur la dimension pathologique du jeu, considérant « qu’il y a danger à aborder les jeux d’argent à travers la problématique de l’addiction, car une fois acceptés comme entité morbide individualisée, ces jeux sont analysés comme des formes plus ou moins aiguës de jeu pathologique. » (Martignoni-Hutin, 2011 : 59). • Si un Observatoire des jeux (ODJ) a depuis vu le jour en France, force est de constater que celui-ci s’intéresse davantage aux conséquences du jeu sur un plan sanitaire (…) qu’à la « socialisation ludique » des joueurs. En France comme ailleurs, le prisme du jeu pathologique continue d’orienter le regard des chercheurs vers des considérations psychologiques, médicales ou sanitaires. • Analysant les titres et les résumés des articles scientifiques publiés dans le Journal of Gambling Studies, Brian Castellani (2000 : 51-52) observe ainsi dans le contexte anglophone une surreprésentation des travaux renvoyant le jeu pathologique au « modèle médical ». Non seulement la psychopathologie du jeu – entendue au sens large – domine par la place qu’elle occupe dans la littérature scientifique internationale, mais elle domine également en imposant ses catégories aux autres approches disciplinaires du gambling. Relevons par exemple que, si l’approche sociologique tend à aborder le jeu pathologique comme un « problème social » (Suissa, 2013), c’est toujours d’un problème de jeu dont il est question. • Quelque part, la sociologie du gambling que Martignoni-Hutin appelle de ses vœux serait elle-même victime de la « doxa » dès lors que, pour entrer dans le débat scientifique, elle doit réinvestir les thèmes et les termes de la psychopathologie du jeu. Même s’il cherche à la déconstruire, le sociologue reconnaîtra implicitement cette frontière entre le normal et le pathologique dont il sait qu’elle résulte d’une « construction sociale » (Martignoni-Hutin, 2005 : 59). • Certes, il est difficile d’imaginer aujourd’hui une étude du gambling qui ne se réfère pas, d’une manière ou d’une autre, au cadre épistémologique et conceptuel de la psychopathologie du jeu, mais faut-il pour autant reprendre les termes du débat sur le jeu compulsif – surtout quand on sait le poids des mots dans ce type de controverse disciplinaire ? • S’il n’est pas question de déclencher une « guerre des disciplines » (Martignoni-Hutin, 2005 : 57), doit-on pour autant céder les armes ? Comme Martignoni-Hutin, nous pensons qu’un travail de déconstruction est nécessaire, de la même manière qu’il nous paraît indispensable de reconstruire un cadre épistémologique et conceptuel qui, dans la mesure du possible, ne soit pas soumis à une conception psychopathologique du jeu. (…) comprendre (sans juger) ce rapport que le joueur entretient avec son jeu : l’exemple du hasard • Si la psychologie cognitivo-comportementale a tendance à considérer que celui qui cherche à contrôler le hasard par ses décisions se berce d’illusions et risque la dépendance (voir Barrault & Varescon, 2012), nous pensons quant à nous que le joueur a de bonnes raisons de croire en ses chances – sinon il y a fort à parier qu’il ne jouerait pas. • Certes, son comportement à l’intérieur du jeu n’est peut-être pas conforme à la « morale mathématique » (Martignoni-Hutin, 2000 : 167) dont se réclament certains psychologues mais, comme l’observe finement Martignoni-Hutin à propos des machines à sous : « Il y a chez le joueur un sens ludique – véritable sens pratique – adapté aux vicissitudes du jeu et aux caprices du hasard. » (Martignoni-Hutin, 2000 : 164). • Pour comprendre (sans juger) ce rapport que le joueur entretient avec son jeu, il s’agirait d’appréhender chacune de ses décisions non comme une « illusion de contrôle » (Langer, 1975) mais comme une forme d’engagement – y compris monétaire – dans la pratique du jeu (illusio). • C’est à cette condition que la pratique des jeux de hasard et d’argent prendra tout son sens ludique et qu’il deviendra possible d’éclairer sous un nouveau jour le comportement du joueur à l’intérieur du jeu. C’est en tout cas l’objectif de ce troisième numéro de la revue Sciences du jeu. (3,2015, « Questionner les jeux d’argent et de hasard ») (4) : " Ethnosociologie des machines à sous : que le hasard vous serve mais préparez-vous à l'accueillir " (Paris , L'Harmattan, mai 2000, collection Logiques Sociales, 220 p.)


Martignoni, le 31/08/2011

Euromillions, aléatoire prépondérant, financement et instrumentalisation du jeu pathologie maladie, incitation au jeu accrue… LA FRANCAISE DES JEUX SE CROIT TOUT PERMIS...ET ELLE SE PERMET TOUT Jean-Pierre G. Martignoni-Hutin (sociologue) L’affaire d’Euro Millions, qui a vu une joueuse déposer plainte contre la Française des jeux (FDJ) auprès de la Commission Européenne, dévoile beaucoup du vrai visage de l’opérateur historique. Si le journal le Parisien se fourvoie, quand il précise que « les chances de gagner à Euro millions ne sont pas les mêmes selon les pays », on peut s’interroger pour savoir pourquoi la FDJ limite le nombre de combinaisons en jeu multiples à 378 (pour 756 euros) alors qu’un joueur espagnol peut jouer 2520 combinaisons à Euro Millions en une seule fois ( pour 5040 euros). La FDJ souhaite t elle protéger les joueurs comme elle l’affirme : « nous souhaitons compliquer la vie du joueur excessif pour ne pas encourager les abus qui peuvent conduire à des addictions » ou instrumentalise t elle la question du jeu pathologie maladie pour éliminer les gros joueurs ou les regroupements de joueurs qui voudraient jouer gros jeu ? On peut sérieusement s’interroger. Certes, certains seront choqués d’apprendre que des Français engagent autant d’argent dans Euro Millions. Mais après tout c’est leur choix. Arrêtons de tout moraliser dans une politique du care hypocrite et envahissante. Les Français ont plus besoin de millions que de conseils. Par ailleurs, à qui la faute ? Les discours de pompiers pyromanes, ça commence à bien faire. Ce sont les pactoles de plus en plus faramineux d’Euro Millions et les publicités omniprésentes de la FDJ, qui attisent les convoitises des Français (et des Européens ) qui peuvent percevoir ces jeux comme une forme de placement, certes à très haut risque, mais une forme de placement tout de même. Comme ils pensent qu’on ne prête qu’aux riches, et qu’on ne pardonne qu’aux riches ( cf affaire DSK) ils expérimentent cette maxime dans la sphère ludique. Les logiques internes à la praxis ludique indiquent que ce n’est pas forcément absurde de jouer gros jeu. Mais naturellement on peut gagner Euromillions en jouant… une seule grille à 2 euros. À ceux qui voudraient jouer comme les Espagnols, la FDJ – cynique - indique « qu’ils peuvent toujours cocher 1260 grilles simples à 2 euros » ! Totalement absurde car strictement impossible à réaliser matériellement. L’opérateur se moque donc de sa clientèle. Il y a bien inégalité d’accès au jeu selon le pays où l’on habite. De fait, la FDJ empêche peu ou prou sa clientèle de jouer gros jeu à Euro millions alors que les Espagnols mais aussi dans une moindre mesure les Belges (1260 combinaisons possibles pour 2520 euros) et les Portugais ( 756 combinaisons possibles pour 1512 euros) peuvent le faire. Visiblement l’opérateur Français n’aime pas les gros joueurs ou les joueurs qui se regroupent pour jouer… forcément plus gros que s’ils jouaient individuellement. Bizarre. Si c’est par soucis de protéger le joueur, et si cela fait partie d’une politique de jeu responsable, que diable la Française des jeux ne l’a t elle pas annoncé avant, haut et fort ! C’est la suspicion légitime d’une joueuse qui a dévoilé l’affaire. A suivre car en l’absence d’autorité de régulation pour les jeux en dur et en attendant qu’un véritable observatoire scientifique des jeux se mettent au travail pour informer le Comite Consultatif présidé par F. Trucy, la vigilance est de mise. L’absence historique de transparence de la FDJ, son double langage, sa main mise sur les médias et les agences de presse autorisent une suspicion légitime. Cette histoire rappelle l’affaire des jeux de grattage (dévoilée par un joueur qui jouait gros jeu, Robert Riblet) ou l’on voyait la FDJ inventer un concept - totalement inconnu en probabilité – d’aléatoire prépondérant, pour contrôler la distribution des gros gains de manière homogène sur tout le territoire. La FDJ manipulait avec un grand machiavélisme le hasard pour ses jeux de grattage et continue certainement à le faire en toute impunité. Elle cherche visiblement à contrôler la manière de jouer des joueurs. L’ensemble indique que l’opérateur historique plus que jamais se croit tout permis et se permet tout. Sa politique en matière de jeu responsable est particulièrement représentative de cette omnipuissance. L’opérateur finance curieusement ses ennemis, les anti-jeu de la doxa du jeu pathologie maladie - notamment le centre du jeu excessif de Nantes (CRJE) dirigé par JL Vénisse - pour mieux les contrôler, mais dans le même temps se lance dans une course effrénée à la croissance jamais vue depuis sa création. La politique éthique mise en œuvre par Christophe Blanchard Dignac (PDG de la Française des jeux) a donc pour conséquence en réalité - sous couvert d’une lutte contre le jeu excessif et le jeu de mineur - de produire plus de jeu. Habile stratège - mais certains pourraient considérer cela comme de la duplicité - le patron de la FDJ a profité du débat sur le jeu pathologique, de l’inquiétude des pouvoirs publics en matière de santé publique, de la loi sur les jeux en ligne, non pour mettre la pédale douce en matière de développement mais au contraire pour accélérer fortement sa croissance par une incitation au jeu accrue. En final la politique jeu responsable mis en œuvre par la Française des jeux produire du jeu excessif… Les meilleures preuves de cette démonstration se situent dans les résultats de l’opérateur. En pleine crise économique il surperforme (+5,5 % en 2010) en dépassant pour la première fois la barre symbolique des 10 milliards. L’incitation au jeu est tel que la FDJ est même parfois – en fonction du calendrier politique - « gênée par son succès » comme l’a précisé France-Soir. Pour allumer des contre feux vis-à-vis de cette incitation au jeu accrue, la FDJ pousse le bouchon de plus en plus loin dans le domaine du jeu responsable. La société dirigée par Christophe Blanchard Dignac a l’audace - ils se croient tout permis et ils se permettent tout - de lancer en juin 2011 « une campagne nationale contre l’addiction au jeu » Au même moment comme par hasard, Jean Luc Vénisse financé à hauteur de 2 millions d’euros par la FDJ (le site du CRJE est très discret sur ce financement) associé aux addictologues M. Reynaud et A . Belkacem sortent un fascicule : « Du plaisir du jeu au jeu pathologique, 100 questions pour mieux gérer la maladie» Et Michel Reynaud d’affirmer dans France-Soir du 6 juin 2011, après sans doute plusieurs mois d’études de terrain et d’études comparatives, que « de tous les opérateurs la Française des jeux est celui qui en fait le plus pour le contrôle et la prévention du jeu excessif. » La boucle est bouclée. La collusion d’intérêts marche à fond pour les deux parties. Plus c’est gros, plus ça marche. En cherchant bien on apprend que ce livre est publié et distribué via un mécénat …de la Française des jeux. La plupart des médias n’ont pas repris ce détail. Comme le Centre du jeu excessif de Nantes a beaucoup d’argent, il faut bien qu’il le dépense. Il a lancé un enquête pour passer les « joueurs compulsifs à la loupe « . Marc Valleur, qui fait pourtant parti de l’Observatoire des jeux, participe à cette étude financée par la FDJ. Curieusement le CRJE semblent avoir du mal a recruté des joueurs compulsifs alors qu’ils affirment par ailleurs (dans une belle fourchette scientifique qui ressemble à un râteau) qu’il y aurait entre « 600 OOO et 1,8 million de joueurs pathologiques ! » Nous aurons l’occasion de revenir sur cette étude qui se déroule sur 5 ans. Mais en attendant nous invitons le lecteur à prendre connaissance des conditions méthodologiques fixées par le CRJE de Nantes : « Le CRJE recherche des joueurs à Paris et Colombes. Les conditions : avoir entre 18 et 65 ans, jouer au moins une fois par an, avoir joué l’année écoulée et … (la ça devient cocasse NDLR) « avoir l’impression de perdre le contrôle sur la pratique du jeu » Comme il n’est pas certain que ce protocole très scientifique ( sic) attire les joueurs le CRJE ajoute : « La participation a l’étude est indemnisée » Autres informations, qui montrent une nouvelle fois le vrai visage de la Française des jeux : l’inflation de ses produits et les chances de gagner. L’opérateur historique profite du lancement de nouvelles formules ou de nouveaux jeux, pour augmenter fortement ses prix et diminuer tout aussi fortement, l’espérance-statistique qui permet de décrocher la cagnotte. Sur ce registre également FDJ se croit tout permis et elle se permet tout. Ainsi en 2008 le Loto passe de 1,2 euros à 2 euros. Une augmentation de 67 %. L’espérance-statistique de gagner évolue d’une chance sur I4 millions à une chance sur I9 millions. Pour le nouvel Euro Millions sorti en mai 2011, la FDJ fait encore plus fort. La probabilité de trouver les 7 bons numéros passe d’une chance sur 75 millions, à une chance sur 116 millions ! L’opérateur historique n’a pas eu le culot de dire que c’était pour lutter contre le jeu excessif qu’il changeait les règles. Il a insisté sur le pactole qui augmentait En final chacun en conviendra la politique mise en œuvre par la Française des jeux n’a donc rien à voir avec une politique des jeux raisonnable, modérée et qui respecte sa clientèle. Elle apparaît au contraire comme une politique anti-consumériste de rentabilité accrue, qui abuse de sa position dominante et de son monopole. La FDJ agit de plus en plus comme un Etat ludique dans l’Etat Croupier, peu soucieuse en réalité de l’intérêt général et des Français qui jouent. Le PDG de la Française des jeux fait jouer - à une société qui ne lui appartient pas - un dangereux double jeu, qui risque à terme d’énerver le Président de la République et l’opinion. Cette duplicité risque également d’irriter Bruxelles et la Cour de justice Européenne. Certes, certains pourront considérer que Christophe Blanchard Dignac – responsable mais pas coupable - n’est après tout qu’un grand commis de l’Etat qui fait très bien son travail et remplit avec zèle les caisses du Trésor. Reste à savoir de quelle marge de manœuvre il dispose et si cette liberté n’est pas trop grande justement. Reste à savoir en outre si la politique des jeux de la France doit se décider à Bercy ou à Boulogne (siège de la FDJ). Reste à savoir si les excès de zèle du patron de la FDJ, sa politique expansionniste, sa boulimie et surtout sa duplicité, ne sont pas en réalité en contradiction avec la Politique des jeux responsable affichée par le gouvernement depuis quelques années, et inaugurée par Nicolas Sarkozy avec les casinos quand il était Ministre de l’Intérieur. Dum félis dormit mus gaudet et exsilit antro* © JP G. Martignoni-Hutin, Lyon, France, 175. Septembre 2011 * : Quand le chat dort, la souris en profite et sort du trou. Ce proverbe médiéval signifie que lorsque les chats ne sont pas là, les souris dansent. C’est à dire que lorsque les responsables font défaut, leurs subordonnés prennent toutes les libertés et la situation tourne rapidement à l’anarchie la plus totale


Martignoni, le 21/10/2010

réponse ( rapide et tardive) au post de sos joueurs du 13/3/2OIO 1/ ce n'est pas une vindicte, c'est une analyse , ce sont des faits, il ne faut pas avoir peur de la vérité, il ne faut pas avoir de débattre ( ou alors ça cache quelque chose : conflit d'interets ?) 2/ Etat /opérateur : Faux c'est l'Etat qui a obligé les opérateurs à faire quelque chose contre le jeu excessif en commençant par les casinos et c'est l'Etat qui depuis des années ( dans l'ombre de la police des jeux) jugulait le phénomène ( interdits de jeu volontaire) 3/jeu récréatif/jeu pathologie : grossière erreur épistémologique de reprendre la dichotomie primaire et binaire de la doxa du jeu pathologie maladie. C'est beaucoup plus compliqué que ça dans la réalité , tous les joueurs sont (potentiellement) des flambeurs ! On voit bien la collusion objective existant entre la doxa et les opérateurs : une fois qu'ils ont perdu, ils deviennent des malades qu'il faut soigner !. Je ne dis pas qu'il faut rien faire, mais il faut rebattre les cartes et donner la parole aux sociologue, historiens, économistes, aux joueurs, aux personnels de jeu, aux directeur de casino, aux buralistes.... 4 / financements de certaines de mes recherches par les casinos = sos joueurs ( qui n'est pas dans la vindicte !) est aveugle , c'est marqué noir sur blanc. En outre c'est moi qui suis à l'origine de ces collaborations avec les casinos. Je ne condamne en rien les casinos, ni la Française des jeux ou le PMU d'ailleurs ( contrairement à la doxa qui est anti jeu) je souligne les contradictions, je dénonce les conflits d'interets. Je suis étonné que des gens aussi sérieux contribuent à scier la branche sur laquelle ils sont assis en finançant la doxa et ça leur coute de plus en plus cher. Peut être cherchent-ils à se punir d'être dans l'industrie du vice ? (c) Jean-Pierre MARTIGNONI, sociologue, octobre 2010 Université Lyon2, GRS.


S.o.s. joueurs, le 13/07/2010

Je trouve dommage une telle vindicte. Si les structures d'aide, quelles qu'elles soient, sont financées par des opérateurs de jeux, c'est parce que l'Etat s'était totalement désintéressé de cette question. S'il est raisonnable de dire que les joueurs récréatifs sont la norme, il n'en demeure pas moins que trop de personnes souffrent d'une addiction, ainsi que leur entourage... Dommage aussi que J.P. Martignoni Hutin oublie que ses recherches dans les casinos ont été financées par ceux-là mêmes qu'il condamne aujourd'hui. Vraiment dommage.


Jean-laurent, le 13/07/2010

Ça fait plaisir d'entendre des discours différents, des discours qui montrent que les joueurs sont parfois pris pour des billes pour en engraisser quelques-uns. Faisons des études indépendantes pour prouver des hypothèses au lieu de parler sans analyse. J'ajoute que si les parlementaires tenaient tant à protéger les internautes, ils interdiraient peut-être les bonus qui incitent les joueurs à miser et les clauses abusives.